Fernand Pelloutier est le fils de Saint-Ange Adrien Léonce Pelloutier, commis principal des Postes et Télégraphes, et de Marie Amélie Couillaud. Petit-fils de Léonce Pelloutier, il est le frère de Maurice Pelloutier.
Esprit rebelle dans une famille de tradition monarchiste, Fernand Pelloutier arrête ses études après un échec au baccalauréat et devient journaliste en 1886.
Élu secrétaire de la Fédération des bourses du travail en 1895, Pelloutier critique la stratégie terroriste de Ravachol et préfère développer les bourses du travail. Sous sa direction, leur nombre progresse fortement, passant de 33 en 1894, à 81 en 1901. Par leur vocation et leur fonction, ces lieux apparaissent aux yeux des exploités plus efficaces et plus pragmatiques que les simples syndicats de métier. Pour Pelloutier, les bourses du travail sont l'expression du syndicalisme intégral. Pensées comme des organisations de solidarité, elles sont dotées de divers services de mutualité : bureaux de placement, caisses de solidarité, caisses de maladie, de chômage, de décès…
On y trouve aussi des bibliothèques destinées à permettre aux travailleurs de mieux comprendre leur situation par les lectures d'Adam Smith, Proudhon, Marx, Kropotkine, Zola, Bakounine… Pelloutier y organise également des cours du soir.
Il s'attachera autant à développer les bourses qu'à maintenir leur autonomie dans le cadre de la CGT.
Adepte de l'autonomie ouvrière, il remit à l'ordre du jour les enseignements de Proudhon et de Bakounine, et est reconnu à ce titre comme un actualisateur de la pensée anarchiste. Après avoir eu toute sa vie des problèmes de santé, Pelloutier meurt prématurément et dans le dénuement en 1901. Sa tombe se trouve au cimetière des Bruyères (Sèvres).
Pelloutier et la grève générale
Méthode de lutte, la grève générale expropriatrice est pour Fernand Pelloutier « un mouvement, sinon violent, du moins actif, tendant à annihiler la résistance du capitalisme et de ses moyens de coercition : pour cela, il évitera de prendre la forme d'une insurrection, trop facilement réductible militairement, ou d'une épreuve de force financière qui verrait nécessairement la défaite du prolétariat. Elle ne débouchera pas sur un pouvoir socialiste, mais sur une société de type absolument nouveau, reposant sur la libre association de producteurs. C'est que la grève générale devant être une révolution de partout et de nulle part, la prise de possession des instruments de production devant s'y opérer par quartier, par rue, par maison, pour ainsi dire, plus de constitution possible d'un « gouvernement insurrectionnel » d'une « dictature prolétarienne », plus de « foyer » à l'émeute, plus de « centre » à la résistance ; l'association libre de chaque groupe de boulangers dans chaque boulangerie ; de chaque groupe de serruriers dans chaque atelier de serrurerie ; en un mot, la production libre »[3],[4].
D'autres voies portent son nom dans les villes de Puteaux, Boulogne-Billancourt, Clichy, Villejuif, Choisy-le-Roi, Creil, Grenoble, Nîmes, Quimper et Toulouse.
Bibliographie
Œuvres
Pelloutier Fernand et Pelloutier Maurice, 1900, La vie ouvrière en France, Paris : Schleicher frères, 344 p.
Fernand Pelloutier, Histoire des bourses du travail : origine, institutions, avenir, 1921, (ouvrage posthume), Paris, Alfred Costes Éditeur, [lire en ligne] ; Réédition Phénix éditions, coll. bibliothèque libertaire & anarchiste, 2001, 340 p. (ISBN2-7458-0671-8).
Pelloutier Fernand, 1921, Les syndicats en France, Paris : éd. de la Librairie du Travail ; Nancy : impr. ouvrière de la région de l'est, 30 p.
Pelloutier Fernand, L'art et la révolte (conférence faite le ) ; Choix d'articles à thème littéraire ; Le musée du travail, éd. établie et annotée par Jean-Pierre Lecercle, Paris : Place d'armes, impr. 2002
Fernand Pelloutier et les bourses du travail, documentaire de Patrice Spadoni, 59min, 2002
Études
1967 : Maurice Foulon, Fernand Pelloutier, précurseur du syndicalisme fédéraliste, fondateur des Bourses du travail : le Livre du centenaire, Paris, La Ruche ouvrière, 190 p., in-16 — Contient en appendice : Lettre aux anarchistes, , par Fernand Pelloutier.
1970 : F.F. Ridley, Revolutionary Syndicalism in France, Cambridge
1971 : Jacques Julliard, Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d'action directe, Paris
1971 : Peter Stearns, Revolutionary Syndicalism and French Labor: A Cause without Rebels, New Brunswick
1985 : Peter Schöttler, Naissance des bourses du travail. Un appareil idéologique d'État à la fin du XIXe siècle, Paris
1987 : Barbara Mitchell, The Practical Revolutionaries. A New Interpretation of the French Anarchosyndicalists, New York