Le gouvernement de Jean Charest traverse plusieurs phases durant sa période au pouvoir. Au début de son mandat, de 2003 à 2005, le gouvernement tente de mettre en place plusieurs politiques publiques visant la rationalisation de l'État et un plus grand recours au secteur privé. Les projets de partenariat public-privé en sont un exemple. À la suite des élections de 2007, le gouvernement de Jean Charest met sur pied la Commission Bouchard-Taylor afin de répondre aux inquiétudes des Québécois sur diverses questions identitaires. Les années suivantes sont marquées par plusieurs projets de loi visant à réagir à la crise économique de 2008. Le gouvernement met sur pied le Plan Nord visant à accroître le développement économique dans le Nord québécois. Durant cette même période, le gouvernement est aussi aux prises avec plusieurs scandales de corruption relativement aux financements des partis politiques au Québec.
Caractéristiques
Durant sa campagne électorale de 2003, le Parti libéral du Québec avait promis une meilleure gestion des finances publiques et une baisse des impôts des contribuables. Il avait promis également un traitement équitable pour les villes fusionnées de force par les gouvernements Bouchard et Landry.
À la première session, le gouvernement Charest annonce des coupes dans tous les ministères sauf dans ceux de la Santé et de l'Éducation. Un référendum est promis afin de donner aux citoyens des municipalités fusionnées par le gouvernement en 2001 la possibilité de se prononcer une fois pour toutes sur l'annexion de leur ville. Cet exercice mécontente néanmoins plusieurs opposants car une participation de 35 % des personnes habiles à voter est requise afin de valider la défusion, même si le « Oui » atteint le 50 % + 1 voix. Dans les mois qui suivent, les coupes dans l'aide sociale ainsi que dans les prêts et bourses, l'annonce de la sous-traitance dans la fonction publique et la remise à plus tard de la baisse des impôts font baisser singulièrement la cote de popularité du gouvernement. Des manifestations de protestation ont lieu à la fin de 2004, ainsi que pendant toute l'année 2005 ; le taux d'insatisfaction à l'été 2005, atteint le record de 77 %. En 2006, l'annonce de la privatisation partielle du mont Orford ne contribue pas à rehausser sa popularité.
Les relations du gouvernement Charest avec Ottawa sont courtoises mais fermes. Comme celui de Landry avant lui, il tente de négocier un rééquilibre fiscal avec le fédéral. En matière environnementale, il se prononce pour le protocole de Kyoto et déplore que le gouvernement Harper ait décidé de le mettre de côté.
En 2006, le gouvernement Charest tente de profiter du contexte économique favorable (le taux de chômage descend à 7,7 % en octobre, le plus bas depuis trente ans) pour rehausser sa cote auprès de la population. Il crée également le Fonds des générations, chargé de diminuer le poids de la dette publique.
Toutefois, le gouvernement du Parti libéral s'est aussi illustré avec une explosion record de l'endettement public de l'ordre de 60 milliards de dollars additionnels, dans un contexte de crise économique mondiale dévastateur, (La Presse), qui amènera Philippe Couillard, en 2014, à instaurer des mesures d'austérité pour revenir en 2016 à l'équilibre budgétaire, le Parti québécois n'ayant pas eu le temps de le faire dans son mandat de 2012 à 2014.
2011-2012 : la colère de la population
Après 9 ans de pouvoir, l'image du Parti libéral est ternie notamment par des allégations de corruption, de collusion et de copinage (source) dans l'octroi des contrats de travaux publics. Après avoir refusé pendant des années de mettre sur pied une commission d'enquête, le premier ministre Charest cède à la pression populaire en 2011 et accepte de créer la Commission Charbonneau qui s'avérera dévastatrice pour l'entourage du Parti libéral mais presque sans conséquence sur les autres partis. Déjà, en , une pétition de 248 000 noms exigeant la démission de Jean Charest avait été déposée à l'Assemblée nationale du Québec[1].
En , la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest déclenche une contestation générale populaire qui embrasera plusieurs villes du Québec. La grève générale des étudiants, bientôt rejoints par de larges segments de la société civile, durera six mois et servira de prétexte au déclenchement des 40e élections générales québécoises.
Le , une violente manifestation éclate lors du Conseil général du Parti libéral qui avait été déplacé par prudence de Montréal à Victoriaville[2]. Des citoyens sont arrêtés ou blessés par la riposte des policiers appelés à la protection des représentants du parti au pouvoir. Selon l'interprétation de Radio-Canada, la voiture de police qui a foncé sur la foule cherchait à secourir un policier après qu'il eut été « frappé par des manifestants ». Toutefois, selon des témoignages, c'est l'inverse qui se serait produit.
Le , au moins 250 000 citoyens en colère descendent dans la rue (vidéo) pour exiger la fin du gouvernement du Parti libéral.
Le , Jean Charest déclenche de manière anticipée les élections générales, notamment en raison du climat social fragile. Lui et son parti sont finalement défaits le après l'élection à l'arraché du Parti québécois, par seulement 15 000 voix d'avance pour toute la province.
Chronologie
Premier mandat (2003–2007)
: assermentation du cabinet Charest devant le lieutenant-gouverneur Lise Thibault.
: le gouvernement annonce la tangente qu'il prendra au cours des années suivantes. Des compressions budgétaires auront lieu dans tous les ministères sauf dans ceux de la Santé et de l'Éducation. Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale sera coupé de 100 millions de dollars et l'universalité des garderies à cinq dollars prendra fin.
: Québec annonce des investissements de 2 milliards de dollars dans l'énergie éolienne en Gaspésie.
: les étudiants des cégeps et des universités manifestent à travers le Québec pour protester contre les coupes dans les prêts et bourses.
: nouvelles manifestations étudiantes à Montréal et Québec. À Québec, les étudiants passent la nuit dans des abris de fortune en face de l'Assemblée nationale.
: entente de principe entre les fédérations étudiantes et le gouvernement.
: grève générale dans l'enseignement.
: Yves Séguin annonce son retrait de la vie politique.
: Michelle Courchesne annonce des mesures plus sévère concernant l'indexation du coût de la vie pour les assistés sociaux. Des subventions sont promises aux organismes qui en embaucheront.
: le taux d'insatisfaction du gouvernement Charest atteint 77 %.
: Lucien Bouchard et quelques personnalités lancent le manifeste Pour un Québec lucide. Selon eux, l'économie québécoise est sur le déclin et ils préconisent un programme de droite pour la relancer. Deux semaines plus tard, six personnalités dont Françoise David et Luck Mervil, lancent leur propre manifeste, Pour un Québec solidaire, prônant un avenir plus social-démocrate.
: adoption de la loi sur le mont Orford et de la loi spéciale réglant les conditions de travail des médecins spécialistes.
: Monique Jérôme-Forget Annonce du règlement complet de l'équité salariale des employés de l'état, ce qui touchera plus de 327 000 employés, les syndicats sont heureux de cet accord, entièrement négocié.
: lors d'une visite en France, Jean Charest déclare que la souveraineté du Québec est réalisable mais qu'elle n'est pas souhaitable.
: le gouvernement Charest fait passer trois lois sous bâillon, sans pourtant la présence de contestation publique, dont une loi autorisant les épiceries à fermer plus tard et à garder plus d'employés.
: le premier ministre Jean Charest déclenche les élections qui auront lieu le lundi .
Deuxième mandat (2007–2008)
: le PLQ remporte les élections générales avec 48 sièges et 35 % des votes. L'ADQ devient l'opposition officielle avec 41 députés et 31 % des votes. Pour la première fois depuis 1970, le PQ récolte moins de 30 % des voix (28 %) et 36 sièges. Jean Charest est désormais à la tête d'un gouvernement minoritaire, le premier au Québec depuis 1878.
: Jean Charest fait connaître la composition de son nouveau cabinet qui, pour la première fois depuis les débuts de la Confédération, comprend le même nombre d'hommes et de femmes.
: le discours du budget de Monique Jérôme-Forget annonce des baisses d'impôt de $950 millions pour la classe moyenne mais n'obtient l'aval ni du PQ ni de l'ADQ. Ceux-ci accusent le gouvernement de manquer de concertation et de souplesse et menacent de le renverser s'il ne change pas son fusil d'épaule. C'est la crise gouvernementale.
: le budget est finalement adopté grâce à une entente de dernière minute entre Jean Charest et le Parti québécois. Celui-ci vote contre mais en s'organisant pour ne pas renverser le gouvernement.
Troisième mandat (2008–2012)
: le gouvernement libéral de Jean Charest est réélu pour un troisième mandat et obtient une courte majorité de 66 sièges sur 125 à l'Assemblée nationale du Québec. Le Parti québécois, sous la direction de Pauline Marois reprend son rôle d'opposition officielle avec 51 sièges. L'Action démocratique du Québec ne fait élire que sept de ses candidats et Mario Dumont annonce son départ prochain de la vie politique. Les électeurs de la circonscription de Mercier élisent le premier député de l'histoire de Québec solidaire, Amir Khadir.
: le premier ministre Charest annonce la création de la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction après avoir résisté aux demandes des québécois depuis plus de deux ans et demi[3]. La commission est présidée par la juge France Charbonneau et est chargée de faire la lumière sur les pratiques ayant cours dans le milieu de la construction au Québec ainsi que sur des liens qui pourraient exister entre l'attribution des contrats publics et le financement des partis politiques[4],[3].
: déclenchement des élections par Jean Charest à l'aéroport international de Québec pour un scrutin le .
: lors des élections, Charest est défait dans la circonscription de Sherbrooke et le Parti libéral est remplacé par le Parti québécois à la tête d'un gouvernement minoritaire.
Julie Boulet remet sa démission du poste de ministre déléguée à la Santé et à la Condition des aînés à la suite d'allégations de conflit d'intérêts[12]. Elle n'est pas remplacée à ce poste.
Remaniement en
Julie Boulet : ministre déléguée aux Transports et responsable de la Mauricie
Monique Gagnon-Tremblay : vice-Première ministre, ministre des Relations internationales, ministre de la Francophonie, responsable de l'Estrie et du Centre-du-Québec
Remaniement en
Jacques Dupuis : ministre de la Justice, ministre délégué à la Réforme des institutions démocratiques, responsable des Laurentides et de Lanaudière et Leader Parlementaire du Gouvernement
Ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, des Affaires autochtones, de la Francophonie canadienne, de la Réforme des institutions démocratiques et de l'Accès à l'information
Yves Bolduc, qui n'est pas élu à l'Assemble nationale, est nommé ministre de la Santé et des Services sociaux en remplacement de Philippe Couillard qui quitte la vie politique[13].
Nathalie Normandeau : vice première ministre, ministre des Affaires municipales et des Régions et de l'Occupation du territoire, ministre responsable de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine.
Monique Gagnon-Tremblay : présidente du Conseil du trésor, ministre responsable de l'administration gouvernementale, ministre responsable de l'Estrie.
Monique Jérôme-Forget : ministre des Finances, ministre responsable des Infrastructures.
Jacques Dupuis : leader parlementaire du gouvernement, ministre de la Sécurité publique, ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Réforme des institutions démocratiques.
Line Beauchamp : ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, leader parlementaire adjointe du gouvernement.
Claude Béchard : ministre des Ressources naturelles et de la Faune, ministre responsable du Bas-Saint-Laurent.
Michelle Courchesne : ministre de l'Éducation, des Loisirs et du Sport, ministre responsable de la région de Laval.
Raymond Bachand : ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, ministre responsable de la région de Montréal.
Yves Bolduc : ministre de la Santé et des Services sociaux.
Laurent Lessard : ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ministre responsable de la région de Chaudière-Appalaches et du Centre du Québec.
Julie Boulet : ministre des Transports, ministre responsable de la Mauricie.
Norman MacMillan : ministre délégué aux Transports, ministre responsable de la région de l'Outaouais.
Serge Simard : ministre délégué aux Ressources naturelles et à la Faune, ministre responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la région de la Côte-Nord.
Nathalie Normandeau devient ministre des Ressources naturelles et de la Faune; ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne ; et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, dans tous les cas à la suite du décès du ministre Claude Béchard. Nathalie Normandeau conserve ses précédentes responsabilités.
Laurent Lessard devient ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à la suite du décès de Claude Béchard. Laurent Lessard conserve ses précédentes responsabilités.
Remaniement en
Pierre Corbeil : ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Geoffrey Kelley : ministre responsable des Affaires autochtones.
Pierre Moreau : ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la Francophonie canadienne, ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques et de l'Accès à l'information.
Michelle Courchesne : devient ministre de l'Éducation, en plus de ses autres fonctions (également vice-première ministre lors de la démission de Line Beauchamp).