Son travail d'actrice est souvent remarqué, comme en témoignent les prix prestigieux qu'elle a reçus. Elle est par deux fois récompensée de l'Oscar de la meilleure actrice, sur un total de sept nominations ; ainsi que deux fois lauréate d'un BAFTA. Parallèlement, elle obtient huit Golden Globes, dont le Cecil B. DeMille Award en 2021[3]. À la télévision, sa prestation dans le téléfilm Les Poupées de l'espoir lui permet d'obtenir un Emmy Award en 1984.
En 1983 elle sort sa première vidéo d'exercices physiques, Jane Fonda's Workout, devenue la vidéo la plus vendue de l'époque. Ce sera la première des 22 vidéos d'entraînement publiées par elle au cours des 13 années suivantes, qui se vendront au total à plus de 17 millions d'exemplaires. Divorcée de son deuxième mari Tom Hayden, elle épouse le magnat des médias Ted Turner en 1991 et se retire du métier d'actrice. Divorcée de Turner en 2001, Jane Fonda fait son retour en tant qu'actrice avec son premier film en quinze ans, la comédie Sa mère ou moi ! (2005). Ses films suivants sont Mère-fille, mode d'emploi (2007), Le Majordome (2013), C'est ici que l'on se quitte (2014) et Youth (2015).
En 2009 elle retourne à Broadway après une absence de 45 ans, dans la pièce 33 Variations, qui lui vaut une nomination aux Tony Awards, alors que son rôle récurrent dans la série dramatique d'HBO The Newsroom (2012-2014) lui vaut deux nominations aux Emmy Awards. Elle diffuse également cinq autres vidéos d'exercices entre 2010 et 2012. Entre 2015 et 2021 elle joue dans la série originale de NetflixGrace et Frankie.
Après un placement volontaire en observation dans un asile psychiatrique, sa mère Frances Ford Seymour se suicide en se tranchant la gorge avec une lame de rasoir en , alors que la jeune Jane a 12 ans[14],[15]. En 2005, dans ses mémoires, l’actrice écrit que pour sa recherche documentaire elle fut autorisée à accéder au dossier psychiatrique de sa mère et découvrit que cette dernière avait été violentée dans son enfance, un traumatisme qui a sans nul doute contribué à son instabilité émotionnelle et mentale ultérieures. Plus tard, en 1950, son père Henry épouse la mondaine Susan Blanchard (socialiste)(en), qui a neuf ans de plus que sa fille. Le mariage se termine par un divorce en 1956. À 15 ans elle reçoit un enseignement en danse classique à Fire Island Pines, à New York[16]. Elle est scolarisée à la Greenwich Academy(en) à Greenwich, dans le Connecticut. Elle fréquente également la Emma Willard School à Troy, dans l'État de New York, et le Vassar College à Poughkeepsie[17].
Ses rapports avec son père, froid et distant avec elle, ne sont pas bons. Elle devient mannequin pour financer ses cours de théâtre[18], apparaissant deux fois sur la couverture du magazine Vogue[19]. Mais elle refuse d'être transformée selon les canons de beauté en cours à Hollywood à cette époque.
Carrière
Débuts remarqués et révélation
Jane Fonda est intéressée par le métier de comédienne dès 1954, alors qu'elle apparaît avec son père dans une représentation caritative de The Country Girl à l'Omaha Community Playhouse(en)[19]. Après avoir quitté Vassar, elle part à Paris pendant deux ans pour y étudier l'art[20]. C'est à cette époque qu'elle commence à violenter son corps, son père la trouvant trop grosse. Pendant 25 ans, elle prendra des laxatifs, amphétamines et pilules coupe-faim, ses périodes d'anorexie alternant avec des crises de boulimie, avant de se tourner vers l'aérobic en 1978[21]. À son retour aux États-Unis en 1958, elle rencontre Lee Strasberg, qui change le cours de sa vie. Elle dira plus tard que lorsqu'elle se rendit à l'Actor's Studio, Strasberg lui déclara qu'elle avait du talent, ce qui constitua pour elle « un tournant » dans sa vie : c'était la première fois, excepté son père, qu'on lui disait qu'elle était « bonne »[22].
Son travail sur scène dans les années 1950 jette les bases de sa carrière cinématographique dans les années 1960. Elle tourne en moyenne près de deux films par an tout au long de la décennie, à partir de son premier long-métrage sorti en 1960, la comédie La Tête à l'envers de Joshua Logan, dans lequel elle reprend le rôle qu'elle avait incarné au théâtre, celui d'une pom-pom girl poursuivant une star du basket incarnée par Anthony Perkins. La performance de la jeune actrice de vingt-deux ans lui vaut des critiques mitigées[23], mais lui permet d'obtenir le Golden Globe de la révélation féminine de l'année[24]. Elle décrira sa première expérience avec un studio hollywoodien et les critiques sans fin sur son apparence comme « un cauchemar kafkaïen »[25], ne réussissant pas à redécouvrir l'excitation qu'elle éprouvait dans les classes de Strasberg et ne sachant pas comment utiliser ce qu'elle avait appris là-bas pour rendre son personnage de cheerleader plus que monodimensionnel[25].
Sa carrière fait une percée avec la parodie de western Cat Ballou, dans laquelle elle incarne une institutrice devenant hors-la-loi. Le film obtient cinq nominations aux Oscars et fait partie des dix plus grands succès au box-office de l'année 1965[33]. Il est également considéré comme le film ayant amené Jane Fonda à devenir une actrice bankable. À cette époque, elle rencontre Roger Vadim, son premier mari, qu'elle épouse en 1965, et qui fait d'elle un sex-symbol en lui confiant le rôle-titre du film d'heroic fantasyBarbarella, en 1968. La même année elle joue dans le film à sketches Histoires extraordinaires tiré des écrits de l'auteur américain Edgar Allan Poe, Jane apparait dans le premier sketch Metzengerstein avec son frère Peter.
En 1972 elle tourne avec Yves Montand sous la direction de Jean-Luc Godard et de Jean-Pierre Gorin dans Tout va bien. Plus tard les deux réalisateurs, en hommage à l'actrice, réaliseront un autre film : Lettre à Jane, où ils commentent une heure durant la photographie de Jane Fonda faisant à ce moment-là les gros titres de l'actualité, prise lors de son voyage au Vietnam en pleine guerre. En 1975, pendant la détente Est-Ouest, elle s'engage dans une coproduction américano-soviétique, L'Oiseau bleu.
En 1978 elle découvre l'aérobic et publie, au début des années 1980, Jane Fonda's Workout, première d'une série de 23 vidéos d’exercices sportifs. Les ventes atteignent au total 17 millions d'exemplaires, un succès planétaire surfant sur la tendance du culte du corps dans les années 1980[18]. L'argent récolté sert à financer la carrière politique de son époux Tom Hayden. Mais son mariage sombre en 1989, ce dernier vivant mal la futilité de l'entreprise de sa femme, alors qu'elle considère que celle-ci était utile pour financer ses combats politiques et rembourser ses prêts[18].
Privilégiant un cinéma d'auteur engagé qu'elle finit même par produire (comme Retour), Jane Fonda réussit à se faire un prénom à Hollywood sans que plane sur elle l'ombre de son père. Elle obtient deux Oscars : l'un couronnant son rôle de prostituée dans le film policier Klute d'Alan J. Pakula en 1972, l'autre distinguant sa prestation en épouse de vétéran du Vietnam dans Retour de Hal Ashby en 1979. Elle donne la réplique à son père Henry dans son dernier film : La Maison du lac, qu'elle finance, d'ailleurs.
Elle met un terme à sa carrière d'actrice au début des années 1990, mais apparaît de temps en temps dans des feuilletons télévisés.
À partir de 2015, elle est à l'affiche de la série Netflix, Grace et Frankie aux côtés de Lily Tomlin. Un retour télévisuel triomphal pour l'actrice qui renoue avec les hauteurs de la critique et est, de nouveau, citée lors de cérémonies de remises de prix prestigieuses (Emmy Awards, Screen Actors Guild Awards...). La série s'interrompt au bout de sept saisons, en 2022.
En 1972, à Hanoï, elle est photographiée assise sur le siège d'un canon anti-aérien nord-vietnamien, coiffée d'un casque militaire[36]. L'action de Jane Fonda au Vietnam fut violemment dénoncée par la classe politique américaine qui voyait en elle le symbole de l'antipatriotisme. Vingt ans après Jane Fonda exprime ses regrets quant à sa pose sur la photo, avant de se raviser : « Notre gouvernement nous mentait et des hommes mouraient à cause de cela, et je sentais que je devais faire tout ce que je pouvais pour dénoncer les mensonges et aider à mettre fin à la guerre ». Cet engagement continue de lui valoir l’animosité d'une partie des Américains : en 2006, dans le Colorado, un ancien militaire lui crache dessus et la menace de mort[37].
Très engagée politiquement, elle est une des figures les plus en vue de l'Amérique politisée et contestataire des années 1960. Elle soutient activement le mouvement afro-américain des droits civiques et défend le leader des Black Panthers : Huey P. Newton. Elle a également alerté l'opinion publique sur la situation désastreuse des Amérindiens aux États-Unis, et longtemps lutté pour les droits des femmes, s'affirmant féministe. Durant la guerre du Viêt Nam, ses prises de position contre le gouvernement américain de l'époque ainsi que son voyage au Vietnam en 1972, où elle alla rendre visite à des prisonniers de guerre et des villageois isolés, soutenant la thèse selon laquelle Richard Nixon aurait donné l'ordre de bombarder le système de digues des rivières du Nord communiste, alimentent longtemps la polémique. La chanson Femme témoin de Catherine Ribeiro est un hommage à l'action de l'actrice contre la Guerre du Viêt Nam paru sur Passions (album) en 1979[38].
En 2005, avec Robin Morgan et Gloria Steinem, elle cofonde le Women's Media Center, une organisation qui travaille à amplifier les voix des femmes dans les médias grâce au plaidoyer, aux médias et au leadership, et à la création de contenu original. Fonda fait partie du conseil d'administration de l'organisation.
Elle défend également la protection de l'environnement ; elle se montre pour cette raison très critique du président américain Donald Trump et du premier ministre canadien Justin Trudeau[40]. En 2019 elle est menottée et brièvement interpellée devant le Congrès américain alors qu'elle dénonçait le déni du changement climatique et l'appelait à protéger le climat[41]. Comme Greta Thunberg, elle manifeste chaque vendredi pour le climat[41].
Le , juste après le tournage de Klute, elle est arrêtée à l'aéroport de Cleveland pour trafic de drogues. Après analyse de la police, on constate qu'il s'agit de pilules vitaminées et de divers médicaments (Dexedrine, Compazine(en)Valium). Une célèbre photographie d'identité judiciaire[46] est prise la montrant le poing levé (comme les noirs des Black Panthers) à la prison du Comté de Cuyahoga où elle passe une nuit[47]. Elle découvrira plus tard que cette arrestation a été précipitée par le FBI qui la soupçonne d'activités subversives, la surveille et a constitué sur elle un dossier de 20 000 pages sous le nom de code Gamma Series[48].
Vie privée
Mariée à Roger Vadim le dans le village de Saint-Ouen-Marchefroy en Eure-et-Loir[49], Jane Fonda vit les événements de mai 1968 en France, et met au monde leur fille Vanessa peu de temps après. Roger Vadim ne fait cependant pas mystère de son infidélité, considérant la jalousie comme un sentiment « bourgeois »[18]. Ils divorcent en 1972.
En 1973 elle épouse l'activiste politique Tom Hayden dont elle partage les engagements. Il deviendra sénateurdémocrate de Californie en 1992. Ensemble ils ont un fils, l'acteur Troy Garity qui porte le nom de sa grand-mère paternelle. En 1981, ils adoptent une adolescente de 14 ans, Mary Luana Williams, fille biologique de deux membres des Black Panthers : enfant, son père a été emprisonné alors qu'il tentait d'intervenir lors d'une arrestation par la police. Hayden et Fonda divorcent en 1990.
En 1991, après deux ans de relation, Jane Fonda épouse en troisièmes noces le magnat de la presse américain Ted Turner. Elle le quitte un mois après car elle a découvert qu'il avait une maîtresse ; elle revient finalement auprès de lui mais divorce en 2001[18].
Entre 2009 et janvier 2017, elle a pour compagnon le producteur Richard Perry(en)[50].
Elle a vécu huit ans en France et parle couramment le français[51],[52].
En , elle déclare souffrir d'une leucémie qui touche le système lymphatique, cancer contre lequel elle reçoit un traitement par chimiothérapie[53]. Trois mois plus tard, elle annonce que son cancer est en rémission et qu'elle peut cesser la chimiothérapie[54].
Note : Cette section récapitule les principales récompenses et nominations obtenues par Jane Fonda, pour une liste plus complète, se référer au site IMDb[55].
Jane Fonda, Ma vie (My Life So Far), traduit de l'anglais par Marie-Hélène Dumas, éditions Plon, Paris, 2005 (ISBN2-259-20281-0)
Jane Fonda, Prime time : Profitez pleinement de toute votre vie (Prime Time: Making the Most of All of Your Life), traduit de l'anglais par Stéphane Roques, éditions Plon, Paris, 2012 (ISBN978-2-259-21603-6)
Jane Fonda, Que faire ? Du désespoir à l'action, sauvons la planète ! (What Can I Do?: The Truth About Climate Change and How to Fix It.), traduit de l'anglais par Patricia Barbe-Girault, Albin Michel, 2021 (ISBN978-2-226-45587-1)
↑Deux sites indépendants l'un de l'autre libellent ses prénoms « Jayne Seymour »[4],[2] ; un ouvrage mentionne « Jane Seymour »[5]. Comme le site « Les Gens du cinéma » indique s'être référé à un acte d'état civil, en l'occurrence un extrait d'acte de mariage (avec Roger Vadim en Eure-et-Loir), on peut présumer que cette information d'état civil n'a pas été altérée entre le consulat des États-Unis et la mairie de Saint-Ouen-Marchefroy.
↑ a et bLes Gens du cinéma, « Fiche de Jane Fonda », sur lesgensducinema.com (consulté le ) : « [Nom] Réel : Jayne Seymour Fonda Activité : actrice et productrice américaine, divorcée de Roger Vadim, Tom Haydeb et Ted Turner, mère de Vanessa Vadim, Troy Garity et Mary Luana Williams, fille d'Henry Fonda et Frances F. Seymour, sœur de Peter Fonda et tante de Bridget Fonda, Lauréate de : — l'Étoile de cristal de la meilleure actrice étrangère en 1971 — de l'Oscar de la meilleure actrice en 1972 et 1979 — du BAFTA de la meilleure actrice en 1979 et 1980 — de la Palme d'honneur d'interprétation en 2007 Naissance : 21 décembre 1937 Lieu : Manhatttan (NY-USA) Référence : Extrait de mariage no 7/1967 avec Roger Vadim »
↑ a et b(en) Bill Davidson, Jane Fonda : An Intimate Biography, Dutton, , 328 p. (ISBN9780525248880), p. 39
« Jane was christened Jane Seymour Fonda and, as a child, was known as Lady Jane by her mother and everyone else »
↑(en) Georges Tiffin, « Jane Fonda », dans A Star is Born : The Moment an Actress becomes an Icon, Head of Zeus, , 400 p. (lire en ligne).
↑ a et bPat Browne et Ray Broadus Browne, The guide to United States popular culture, Bowling Green, OH, Bowling Green State University Popular Press, (ISBN0-87972-821-3), p. 288.
↑Stacie Arena, « Jane Fonda déclare son amour au cinéma français : "Je suis arrivée vierge en France" », Femme actuelle, (lire en ligne, consulté le ).