Louis-Marie de La Révellière est le fils de Jean-Baptiste de La Révellière, « licencié ès loixs, conseiller du roy lieutenant juge au siège royal de Montaigu ». Il effectue ses études au collège de Beaupréau et à l'Oratoire d'Angers. Il aurait développé de l'aversion contre la religion catholique en raison de brutalités infligés par le curé de son collège et en raison de la partialité des oratoriens en faveur des pensionnaires issus des rangs prestigieux de la noblesse. La Révellière-Lépeaux est licencié en droit en 1775, devient avocat au Parlement de Paris, puis retourne vivre en Anjou où il devient professeur de botanique à la Société des Botanophiles puis directeur du Jardin des plantes d'Angers[4].
Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux épouse Jeanne Boyleau de Chandoiseau en 1781 à Montaigu.
Mandat à la Constituante
La Révellière-Lépeaux est élu représentant du tiers-état, le troisième sur huit, pour la sénéchaussée d'Anjou, aux États-généraux de 1789[5]. Dès le début de son mandat, il adhère au club des Jacobins[6]. Il vote en faveur du rattachement du Comtat Venaissin à la France[7] et en faveur de l'égalité entre les hommes blancs et les hommes libres de couleur[8]. Comme Robespierre, il soutient la proposition que les députés de la Constituante ne puissent être réélus à l'Assemblée nationale législative[9]. Après son mandat, il devient administrateur du département de Maine-et-Loire et magistrat à la Haute Cour d'Orléans.
La Révellière-Lépeaux siège sur les bancs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[11]. En février 1793, il défend le ministre Jean-Marie Roland contre les accusations de Jean-Paul Marat[12]. En mars, il s'élève contre le tribunal révolutionnaire[13]. Il vote en faveur de la mise en accusation de Marat[14], qui le dénonce plus tard dans son journal comme « membre de la faction des hommes d’État »[15]. Il vote également en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[16].
En août 1793, La Révellière-Lépeaux donne sa démission pour des raisons de santé[20]. Dans une adresse à son département, il dénonce au terme de la journée du 2 juin l'emprisonnement des députés « dans le lieu même de leurs séances par un ramas de séditieux »[21]. Son frère aîné Jean-Baptiste La Révellière-Lépeaux, alors président du tribunal criminel du Maine-et-Loire, est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 26 germinal an II (13 avril 1794) et guillotiné deux jours plus tard[22].
La Révellière-Lépeaux sort de la clandestinité après le 9 thermidor. Son collègue Jacques-Antoine Creuzé-Latouche réclame son retour à la Convention en frimaire an III (décembre 1794)[23], retour qui n'intervient qu'en ventôse (mars 1795), en même temps que les derniers députés décrétés hors-de-la-loi[24].
Membre du Conseil des Cinq-Cents, il est élu Directeur le .
Il raconte son installation, accompagné des autres Directeurs, au Petit Luxembourg, qui avait servi de prison, à un moment où régnait à Paris le dénuement le plus terrible : « Les dragons à cheval qui les escortaient « montaient en mauvais souliers et en bas de laine percés, au lieu de bottes ». Lorsqu’ils pénétrèrent dans le palais, « nous trouvâmes, se souvient-il, tous les appartements littéralement nus : il n’y avait pas de meubles de quelque nature que ce fût. […] Nous nous réfugiâmes dans un petit cabinet. Le concierge Dupont nous y fit placer une petite table boiteuse dont un pied était rongé de vétusté, et quatre chaises, le tout lui appartenant. Il nous prêta aussi quelques bûches car le temps était assez froid[28] ».
En politique extérieure, il se montre hostile à la papauté mais s'oppose à toute idée d'unification de l'Italie, où il craint la domination des Jacobins. Lors du coup d'État du 30 prairial an VII, il doit démissionner sous la pression de Barras et de Sieyès, les Conseils l'estimant responsable des défaites de la France.
Il vit encore vingt-cinq ans, sans aucune activité politique. Il meurt le et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division).
Portrait
La Révellière-Lépeaux fut jugé sévèrement par ses contemporains en raison notamment de la succession des coups d'État du Directoire dans lesquels il est impliqué. Il n'en demeure pas moins un observateur averti et lucide sur son époque. À ce titre, ses Mémoires conservent un grand intérêt, néanmoins partial, sur le Directoire et la période révolutionnaire.
Le 12 floréal an V, après avoir lu un exposé sur le culte et les cérémonies civiles à l'Académie des sciences morales et politiques, Talleyrand lui fit remarquer : « Je n'ai qu'une observation à vous faire. Jésus-Christ, pour fonder sa religion, a été crucifié et est ressuscité. Vous auriez dû tâcher d'en faire autant »[29].
L'historien Emmanuel de Waresquiel brosse un portrait peu amène de La Révellière : « [...] hypocrite, petit bossu, adepte de la théophilanthropie, une drôle de religion inventée par lui, anticlérical et vaniteux [...][30] ».
Postérité
Une rue porte son nom dans la commune de Bellevigne-en-Layon et la ville de Montaigu a donné son nom à une place dans le centre-ville. Sur cette place avait été érigée en 1886 un buste en bronze rendant hommage à La Revellière-Lépeaux. Cette sculpture fut fondue entre 1941 et 1945 par le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. En 1954, une réplique en résine d'après le buste de David d'Angers vient remplacer l'original détruit[31].
↑« Liste des noms et qualités de messieurs les députés et suppléants à l'Assemblée nationale », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 8, no 1, , p. 5–34 (lire en ligne, consulté le )
↑« Liste des membres avant répondu à l’appel nominal dans l'affaire d'Avignon, en annexe de la séance du 4 mai 1791 », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 25, no 1, , p. 577–584 (lire en ligne, consulté le )
↑« Liste des députés qui ont voté oui dans l’affaire des colonies, en annexe de la séance du 12 mai 1791 », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 26, no 1, , p. 25–26 (lire en ligne, consulté le )
↑Jacques Antoine de Cazalès, François Dominique de Reynaud Montlosier, François Alexandre La Rochefoucauld et Louis Marie de La Révellière-Lépeaux, « Suite de la discussion du projet de décret du comité de Constitution sur l'organisation du Corps législatif, entrecoupée de demandes d'appel nominal et trois épreuves, lors de la séance du 18 mai 1791 », Archives Parlementaires de la Révolution Française, vol. 26, no 1, , p. 200–214 (lire en ligne, consulté le )
↑Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 48.
Réflexions sur le Culte, sur les Cérémonies civiles et sur les Fêtes Nationales, lues à l'Institut, le 12 floréal an V de la république, dans la séance de la classe des sciences morales et politiques, Paris, 1797.
Étienne Charavay, La Révellière-Lépeaux et ses mémoires, 1895
Albert Meynier, Un représentant de la bourgeoisie angevine à l'Assemblée nationale constituante et à la Convention nationale, Germain & G. Grassin, imprimeurs-libraires, Angers, 1905, 539 p.
Hubert Janeau, Le vendéen La Révellière-Lépeaux, membre du Directoire (1753-1824), collection études d'histoire révolutionnaire, chez l'auteur, Poitiers, 1951, 145p.
Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du au , Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p. 594-596
Auguste Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, Rieder, 1917, article "La Revellière-Lépeaux"