Louis Ange Pitou, né le à Valainville, hameau de la commune de Moléans en Eure-et-Loir, et mort le à Paris, est un journaliste et chansonnier contre-révolutionnaire français.
Biographie
Il est le fils unique de Louis Pitou, "tailleur" et de Jeanne Cotin. D'autres membres de la famille Pitou[1] sont au service des nobles de la région : son oncle et parrain est Louis-Ange Pitou (+1e juin 1775), régisseur du domaine de Mémillon (l'ancien fermier général Jean François Delaborde a l'usufruit de cette seigneurie située à Saint-Maur-sur-le-Loir); Pierre Pitou est garde-chasse du marquis de Prunelé, seigneur de Moléans.
Peu de temps après sa naissance, ses parents vont vivre au Haut-de-Dheury, commune de Donnemain-Saint-Mamès. Son père, "homme de peine", meurt le sur la paroisse voisine de Conie (commune de Conie-Molitard).
Ange Pitou part alors vivre chez sa tante et tutrice, Magdeleine Pitou, qui a pour projet de le faire entrer au séminaire. Lors de ses études au collège de Châteaudun, il exprime le souhait de faire du droit mais sa tante s’y oppose et l’envoie à 14 ans, au séminaire de Beaulieu à Chartres. En 1784, passant ses vacances auprès de sa tante, il découvre Fénelon, Spinoza, Rollin, Montesquieu, Helvétius et Rousseau. Un certain scepticisme sur Dieu et la Providence vient alors remplacer sa foi naturelle. Le , alors qu’il s’apprête à recevoir prochainement la prêtrise, il décide de s’échapper du séminaire pour venir à Paris[2].
Arrivé à Paris avec huit louis en poche, un frac violet, deux cravates, sept chemises et le manuscrit de son poème, la Voix de la Nature, il est à bout de ressources après quelques jours. Il se réfugie alors dans le journalisme et entre au Journal général de la cour et de la ville[3]. Il se fait remarquer par des brochures en faveur de Thomas de Mahy de Favras[4]:15 sqq.. Le , il est appelé aux Tuileries, où Marie-Antoinette d'Autriche le félicite de sa fidélité envers le roi[4]:18. Elle lui fait présent de son portrait en miniature et d’une somme d’argent. Conquis par la reine, Louis Ange Pitou va désormais consacrer sa vie à la défense de la monarchie[5]. Ses libelles prolifèrent[4]:23, il conseille – en vain – au roi de ne pas participer à la Fête de la Fédération du , puis maltraite le souverain dans son pamphlet Le Quatorze juillet, le qualifiant de « monarque faible et indigne de l’auguste épouse qui le reçoit dans son lit[4] ».
Après la Journée du 10 août 1792, il se cache. Par la suite, il se retrouve rédacteur au Courrier extraordinaire, d'Antoine de Rivarol, puis au Journal des mécontents[4]:34. En , il publie La Révolution de 1792 qui deviendra plus tard le Journal historique et politique, le Journal français et le Courrier universel, journaux dont le royalisme ne se dément jamais et qui connaissent un succès fluctuant[6].
C’est également un agent royaliste qui communique avec les Vendéens et les Chouans[7]. Après son arrestation, en , il parvient à se faire acquitter par le Tribunal révolutionnaire en emberlificotant son accusateur[4]:66-7. Après la chute de Robespierre, le , il s’attaque aux terroristes vaincus dans son Tableau de Paris en Vaudeville, un vaudeville dont il fait publier dix épisodes[4]:72 sq.. Sous la Convention thermidorienne (1795), il chante dans les rues et répand des refrains royalistes.
Le , il embarque avec 193 autres déportés à Rochefort sur la frégate La Charente. Attaqué par les Anglais, le bateau trouve refuge à Bordeaux, mais en trop mauvais état, c’est sur la Décade qu’ils mettent les voiles, le , pour la Guyane[4]:75. Le voyage dure près de deux mois. Au cours de ses trois ans de déportation il va être assigné en résidence dans divers lieux, ce qu’il lui permettra d’écrire Voyage forcé à Cayenne, témoignage partial mais intéressant sur ce qu’il raconte de la Guyane et des personnages qu’il côtoie dont Charles Malenfant[8].
Après le coup d'État du 18 Brumairean VIII (), il est libéré et débarque en France au Havre le . Ayant entamé une carrière de libraire-éditeur, il est presque entrainé dans la faillite d’un de ses débiteurs[9], jusqu’à ce qu’à la Restauration, Louis XVIII le nomme libraire du roi[10]. Retiré de la vie politique, on n’entend plus parler de lui pendant les sept dernières années de sa vie, jusqu’à ce qu’il s’éteigne dans sa chambrette du 2 de la rue Vieille-Notre-Dame[11].
↑« La Confession d’un révolutionnaire : interview du montagnard Vadier sur les causes et les faits de la Révolution prise en 1796 par Ange Pitou », dans La Quinzaine : revue littéraire, artistique et scientifique, t. 6, Paris, Montligien, (lire en ligne), p. 66.
↑ abcdefghij et kFernand Engerand, Ange Pitou : agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846), Paris, Ernest Leroux, , iii-332, in-8° (OCLC250474067, lire en ligne), p. 2.
Les Déportés de Fructidor. Journal d’Ange Pitou annoté d’après les documents d’archives et les mémoires d’Albert Savine, Paris, Éditions Louis-Michaud, ;
Mémoires, coll. Les Amis De L’histoire, édit. de Crémille, Paris 1969 ;