En 2023, le SIM compte 2 750 employés, dont environ 2 395 pompiers[2]. Il a fêté en 2013 son 150e anniversaire.
En 1734 a été créé le premier département de pompiers volontaires. À la fin du XVIIIe siècle ont été formés des « Fire Clubs » avec le soutien financier des commerçants. Ils ont été remplacés en 1829 par la « Société du feu ». En 1841, le premier chef de feu permanent a été choisi par le Conseil de ville afin de mieux coordonner la Société. En 1863, la structure de base du service des incendies de la Ville de Montréal est mise en place. Les véhicules à moteur remplacent les chevaux à partir de 1911. En 2002, 27 municipalités fusionnent avec Montréal et les 22 services d'incendie de banlieue sont intégrées au service des incendies de Montréal qui adopte son nom actuel. Lorsqu'en 2006, certaines municipalités de banlieue ont été en partie reconstituées, les services communs à toutes les municipalités, dont le service de sécurité incendie, ont été placés sous l'autorité de l'agglomération de Montréal, créée à ce moment.
Les risques d'incendie étaient présents dès la fondation de Ville-Marie en 1642. Les constructions en bois étaient la proie des flammes aux grandes chaleurs de l'été ou aux froids extrêmes de l'hiver quand une étincelle bondissait hors du foyer. De plus, certains Iroquois, considérant les Français comme des ennemis, mettaient, par surprise, le feu à leurs maisons.
À partir de 1678, les habitants étaient tenus, au son du tocsin, d'accourir à un point de ralliement, la première église Notre-Dame, où une armoire contenait des seaux, des gaffes, des pelles et des sacs de sable. Ils se rendaient ensuite au lieu de l'incendie et formaient une longue chaîne humaine où se relayaient seaux vides et seaux pleins d'eau tirée d'un puits[5], du fleuve ou de la rivière Saint-Martin qui coulait au nord. Pour arrêter la progression de l'incendie, les charpentiers démolissaient les maisons à l'aide de haches et de gaffes[6].
Un incendie majeur a lieu le vers 19 heures, alors que la petite ville de Montréal ne compte que 5 000 habitants. L'incendie aurait pris naissance dans le grenier de madame de Francheville, rue Saint-Paul. Poussé par un fort vent, le feu se propage rapidement aux bâtiments avoisinants, incendiant en trois heures, 46 maisons de la rue Saint-Paul, l'Hôtel-Dieu qui venait d'être reconstruit, et jette à la rue plusieurs centaines de personnes.
Sous le régime anglais, des marchands anglais se regroupent, sous forme d'associations appelées « Fire Clubs » afin de s’entraider en cas d’incendies. Ceux-ci s’offrent une aide mutuelle réservée uniquement aux membres du groupe. Au début du XIXe siècle, en plus des efforts déployés par les citoyens en général, des volontaires deviennent responsables du fonctionnement des pompes. Ils sont, en quelque sorte, les premiers pompiers montréalais[7]. En 1829, à la suite des rivalités entre quelques associations de pompiers volontaires, une loi provinciale mène à la création d’une première compagnie officielle de volontaires formée pour lutter contre les incendies : la « Société du feu »[8].
Le Service de la prévention des incendies de la Ville de Montréal est créé en 1841 sous le nom du Département du feu, en vertu du règlement 31 adopté le 3 juin 1841 par le conseil de la Ville de Montréal. Joseph Russell Bronsdon, le chef permanent de la Brigade des incendies de Montréal, est le premier salarié du service des incendies[9]. En 1848, lors d'une restructuration, le département du feu passe sous le contrôle et la direction du Comité du feu. Le département est composé de 284 pompiers volontaires. Du lot, seul l'ingénieur en chef est engagé à plein temps[10].
L'année 1852 est la plus terrible de l'histoire concernant les incendies à Montréal. Plusieurs incendies majeurs ont lieu au cours de l'année et qui ravagent au passage la maison de Paul de Chomedey, le premier séminaire des jésuites, le diocèse de Montréal, le palais épiscopal, la distillerie de la famille Molson et plus de 810 autres maisons. Près de 15 000 personnes perdent leur foyer soit le cinquième de la population de Montréal alors. Près de 25 pâtés de maisons furent anéantis[11].
L'incendie de l'hôtel du Parlement à Montréal, 1849
La brasserie Molson après le grand incendie de 1852
Première pompe à incendies, 1856
L'époque héroïque (1863-1911)
En 1863, la structure de base du service des incendies de la Ville de Montréal est mise en place alors qu'un service centralisé et permanent est organisé autour d'une équipe de salariés dont le travail officiel est la lutte contre les incendies. Alexander Bertram en est le premier chef. Cette même année, on inaugure la caserne centrale qui se trouve au coin des rues Cheneville et Craig et on introduit le système des alarmes. En ce qui conserve la vision du service, il s'agit là d'une modification majeure. Avant 1863, les casernes avaient une fonction strictement utilitaire. Mais lors de la construction de la caserne no 1, on recourt à des architectes. Ce précédent devient une tradition qui donnera aux casernes une architecture pittoresque[12].
Les années 1870 marquent une nouvelle phase de croissance où la pompe à vapeur fait son apparition[13]. Mais ces changements positifs amenés par les développements technologiques n'empêchent pas la pire tragédie en termes de pertes humaines de l'histoire de Montréal. En 1890, l’incendie de l’Asile Saint-Jean-de-Dieu coûte la vie à plus de 100 patients[14].
Première pompe à vapeur, 1871, caserne no. 5, rue Sainte-Catherine
Le Service d’incendie de Montréal.
Pompe à incendie quittant la caserne de pompiers Youville, vers 1900[15]
Tenue de feu, tenue de ville, 1908
Les temps modernes (1911-1959)
En 1911, on introduit la voiture motorisée dans le service. Le maire Médéric Martin est contre l'idée[16]. Le chef Joseph Tremblay doit donc prouver dès le lendemain toute la puissance et la supériorité des fourgons automobiles, en pleine tempête de neige[17]. Cependant, il faut attendre le 31 janvier 1936 pour voir le remplacement définitif des chevaux au service par des «fourgons-automobiles»[18]. On prévoit de faire des économies d'au moins 10 000 $ par année[19].
En 1933, on inaugure l'actuel quartier général du 4040, avenue du Parc qui s'appelle alors la « centrale d'alarmes »[20]. Sa construction a coûté 805 350 $. Ce n'est qu'en 1937 que la centrale d'alarmes et le quartier général des incendies occupent tous deux le 4040, avenue du Parc[21].
Premier véhicule motorisé
Centrale d'alarmes, 1933
Pompiers dans un camion à incendie, devant la caserne 27 de la rue Gatineau à Montréal, en 1947.
Le SIM inaugure un Bureau de Prévention des incendies en 1912 sous la supervision de Jean Naud. En 1918, l'Union des pompiers de Montréal est créée en raison de la situation économique difficile des pompiers et de conditions de travail précaires. Une grève de 33 heures mène à la réduction des heures de travail de 141 à 84 heures semaine.
Le Québec est scandalisé par la mort de 78 enfants des suites de l'incendie du Laurier Palace, le 9 janvier 1927. Plusieurs commissions d'enquêtes se concluent sur une inculpation criminelle des propriétaires du théâtre Laurier Palace.
En 1946, le département des incendies innove en se dotant d'un système de radiotéléphone à triple direction qui permet d'obtenir sur les lieux des rapports sur les développements au cours d'incendies graves[22]. Le directeur Raymond Paré souhaite également améliorer la formation et institue un programme d'instructions qui permet de rehausser le niveau général de compétence. Dans ce qu'on appelle le système Paré, la réussite d'examen permet les promotions[23].
Incendie de l'aréna, à l'angle de Wood et de Western, Westmount, 1917
Pompiers au feu dans le port, vers 1920
Autopompe, vers 1930
Pompier, vers 1930
Les temps changent (1960-2011)
La Révolution tranquille a aussi son impact sur le SIM. La sécurité publique ne doit plus mettre en danger la sécurité des pompiers. En 1974, une grève d’une fin de semaine donne lieu à un violent bras de fer entre l'Association des pompiers de Montréal et l’administration du maire Jean Drapeau. Connue sous le nom de « week-end rouge », cette grève est le théâtre d’intenses négociations alors que pas moins de 18 incendies, dont 14 d’origine criminelle, commanderont une résolution rapide du conflit[24].
En 1979, le service retire définitivement du paysage urbain les boîtes rouges qui permettent de donner l'alerte au niveau de la rue. D'une part, parce que les demandes de secours sont maintenant transmises dans une large proportion par téléphone et d'autre part, parce que le nombre de fausses alertes est préoccupant[25].
En 1986, un incendie spectaculaire ravage la tour à bureaux de la Place Alexis-Nihon. Les pertes seront évaluées à 100 millions de dollars sans pour autant faire aucune victime. Le service sera blâmé par la Cour d'appel du Québec pour certaines défaillances lors de l'opération [26].
En 2002, après la fusion des services d’incendie de l’île de Montréal, le nouveau service porte le nom de « Service de sécurité incendie de Montréal ».
En 2006, après un référendum, certaines municipalités de banlieue ont été en partie reconstituées. Pour les services généraux, tel le service de sécurité incendie, est créée une instance politique commune appelée « agglomération de Montréal ».
En 2010, le SIM, avec son Schéma de couverture de risque fait de la prévention l'une de ses pierres angulaires en ciblant les îlots à risque. Conséquemment, plusieurs actions sont prises, notamment la fermeture, la construction et la rénovation de casernes, ainsi que le déplacement de ressources pour maximiser l'efficacité au feu [27].
En 2017, les Jeux mondiaux des policiers et pompiers auraient pu avoir lieu à Montréal. La Ville de Montréal accordait le 16 janvier 2013 un soutien financier de 650 000 $ et un soutien en biens et services de 510 000 $[30]. Mais le 19 mars 2016, la Ville de Montréal se retire de l'organisation des Jeux, à la suite des moyens de pression de ses pompiers à l'égard du non-respect de leur convention collective, sur la caisse de retraite des employés[31].
Tragédie du 17 octobre 2021
Le 17 octobre 2021, le pompier Pierre Lacroix, âgé de 58 ans, a tragiquement perdu la vie lors d’une opération de sauvetage nautique dans les rapides de Lachine. Alors qu’il intervenait avec trois collègues pour secourir deux plaisanciers en détresse, l’embarcation des pompiers a chaviré. Trois des quatre pompiers ont pu être secourus rapidement, mais Pierre Lacroix s’est retrouvé piégé sous le bateau submergé. Son corps a été retrouvé le lendemain matin[32],[33].
Cet incident a mis en lumière des lacunes importantes dans la sécurité des interventions nautiques au sein du SIM. Un rapport de la coroner Géhane Kamel a souligné des défaillances dans la formation des pompiers, le choix des équipements et l’absence de plan d’action clair pour les interventions en eaux vives. La coroner a formulé 25 recommandations pour éviter que de tels drames ne se reproduisent, incluant une meilleure formation et une révision des zones d’intervention[34],[35].
L’embarcation utilisée, un modèle HammerHead, avait déjà été impliquée dans deux chavirements avant cet événement. Ces bateaux, supposés insubmersibles, ont été retirés des casernes en 2022 à la suite des enquêtes[35],[36]. La Ville de Montréal a reconnu sa responsabilité dans cet incident et a été condamnée à payer une amende en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité du travail[37].
En hommage à Pierre Lacroix, des funérailles ont eu lieu à la basilique Notre-Dame de Montréal, rassemblant des milliers de pompiers venus de partout en Amérique du Nord[38].
Casernes
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Dès 1734, l'intendant Gilles Hocquart ordonne une structure établie pour combattre le feu en se dotant d'équipement entreposé dans quelques endroits stratégiques pour permettre de mieux combattre le feu. Au milieu du XIXe, des marchands, assureurs et autres citoyens se regroupent pour former des compagnies[39]. Mais c'est seulement à partir de 1863 que les casernes sont numérotées par un système qui existe encore aujourd'hui[40],[41],[42].
Caserne 1 : fermée
Construite en 1862-1863, elle était située au 121, rue Craig ouest (rue Saint-Antoine) jusqu'en 1904 (alors qu'elle devient la caserne 20).
En 1905, construction de la nouvelle caserne 1 au 335, place d'Youville. Elle demeure en opération jusqu'en 1972. Aujourd'hui, le Centre d'histoire de Montréal occupe l'ancienne caserne.
Déjà utilisée depuis 1843 par les pompiers volontaires, elle devient la caserne 3 en 1863. Située sur la rue Wellington, à l'intersection Dalhousie jusqu'à 1871.
En 1872, inauguration de la nouvelle caserne 3, construite au même endroit, au 154 rue Wellington. Elle ferme en 1914.
En 1914, inauguration de la nouvelle caserne au 1139 rue Young (adresse a changé depuis). Elle est toujours en fonction.
Le SIM dispose de 13 casernes spécialisées réparties selon différentes expertises[49] :
2 casernes GIMD (Groupe d’intervention en matières dangereuses) Ces équipes sont formées pour gérer les déversements et fuites de substances toxiques, effectuer des décontaminations, et collaborer avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) en cas d’incidents terroristes.
3 casernes GST (Groupe de sauvetage technique) Les pompiers de ce groupe sont spécialisés dans les sauvetages complexes, comme les interventions en hauteur, en espace clos, ou lors d’effondrements de structures. Ils interviennent également sur des sites difficiles d’accès tels que le mont Royal ou des usines.
8 casernes GSN (Groupe de sauvetage nautique) Ces casernes disposent d’équipements et de formations spécifiques pour les interventions sur l’eau. Elles utilisent des embarcations adaptées pour secourir les personnes en danger sur les plans d’eau.
5 casernes GSG (Groupe de sauvetage sur glace) Appartenant au GSN, ces équipes interviennent lorsque les embarcations ne peuvent atteindre un lieu de sauvetage en raison d’un couvert de glace. Elles utilisent des cordages, des civières, et des embarcations spécialement conçues pour les conditions hivernales.
Ces différents groupes spécialisés comptent un total de 509 pompiers et pompières spécialisés (2023)[50].
Le SIM inclut également un siège administratif dédié à la prévention, comprenant 6 sections de prévention jumelées à des casernes. Parmi elles figure le Bureau de l’analyse des incidents et de recherche de causes et circonstances des incendies (BAIRCCI), installé à la caserne 17. Ce bureau a pour mission d’analyser les interventions afin de mieux identifier les risques et enjeux liés à la sécurité incendie sur le territoire[51].
Équipements
La majorité de la flotte actuelle se compose d'autopompes et d'échelles de marque E-one Cyclone et MAXIMETAL sur châssis Spartan Gladiator. En 2018 le SIM reçoit ses premiers camions MAXIMETAL sur châssis Pierce[52]. Le SIM a aussi quelques unités de marque Freightliner.
En 2010, le service rajeunit sa flotte de véhicules et se dote de 37 nouveaux véhicules, dont 5 camions-échelles, 4 embarcations de sauvetage nautique et 23 véhicules légers voués aux opérations et à la prévention.
Les équipements du SIM sont identifiés par un numéro correspondant à son type et à la caserne où il est assigné. Par exemple, le numéro d'une autopompe commence par 2 suivi du numéro de sa caserne (l'autopompe de la caserne 52 porterait le numéro 252). La deuxième autopompe d'une caserne porte le numéro 20 suivi du numéro de la caserne (par exemple : 2052). Le numéro d'une autopompe ayant une capacité de mousse a la lettre M avant le 2 ou le 20. Le numéro d'un camion-échelle commence par 4, celui d'un camion-échelle à panier attaché commence par 40, celui d'une plate-forme commence par 7, d'un véhicule léger de sauvetage par 5, d'un camion-citerne par 6, d'un véhicule de commandement ou de soutien par 8 ou 9, un véhicule lourd de sauvetage par 11, un abri par 14, une unité d'alimentation en air par 16, une remorque par 19 ou 21 et le véhicule du chef par 1[53].
↑Lila Dussault, « Rapport sur la mort du pompier Pierre Lacroix: « Il y a eu une victime, il y aurait pu en avoir six » », La Presse, (lire en ligne, consulté le )