Zemun (en serbecyrillique : Земун) est une municipalité de Serbie située sur le territoire de la ville de Belgrade. Elle fait partie des 10 municipalités urbaines de la ville de Belgrade proprement dite. Au recensement de 2011, Zemun intra muros comptait 151 811 habitants et la municipalité dont elle est le centre 166 292[1].
Zemun est l'ancienne ville romaine de Taurunum, qui se développa du Ier au IVe siècle. Autrefois ville à part entière, Zemun conserve un centre ancien classé remontant aux XVIIIe et XIXe siècles, à l'époque où elle était située dans l'empire d'Autriche. La municipalité de Zemun fait aujourd'hui partie de la ville de Belgrade intra muros et constitue l'un des pôles économique et culturel de la capitale serbe.
Géographie
La ville de Zemun, s'est originellement développée sur les trois collines de Gardoš, Ćukovac et Kalvarija, sur la rive droite du Danube et à son confluent avec la Save. Le cœur de la cité est constitué par les quartiers Donji Grad, Gardoš, Ćukovac et Gornji Grad. Vers le sud, Zemun s'étend jusqu'à la municipalité de Novi Beograd, avec laquelle elle forme une continuité urbaine par l'intermédiaire du quartier de Tošin Bunar. À l'ouest, elle s'étend jusqu'aux quartiers d'Altina et de Plavi horizonti et, au nord-ouest, jusqu'à Galenika, Zemun polje et, au-delà, Batajnica. Les îles fluviales de la grande Île de la guerre et de la petite Île de la guerre, inhabitées, font également partie de Zemun.
Le Danube à Zemun
La municipalité de Zemun s'étend sur 153 km2. Comme la ville, elle est située à l'est de la région de Syrmie. À l'ouest, elle touche la province de Voïvodine (municipalité de Nova Pazova) ; elle est bordée par les municipalités de Surčin (au sud), Novi Beograd (au sud-est) et Palilula et Stari grad, qui sont toutes deux situées sur la rive gauche du Danube (respectivement au nord et à l'est).
La région de Zemun est habitée depuis le Néolithique. Des tombes et des céramiques (plats, urnes anthropomorphes) appartenant à la culture de Baden (entre 3 600 et ) ont été retrouvés dans le secteur[5]. Des tombes caractéristiques de la culture de Bosut ont été mises au jour près d'Asfaltna Baza[6]. Quelques vestiges remontant à la période de La Tène ont été retrouvés sur le site archéologique de Brestove međe[7]. Les premiers établissements celtes de la région de l'actuel Zemun remontent au IIIe siècle av. J.-C., quand les Scordisques occupèrent des secteurs du Danube autrefois dominés par les Thraces et les Daces.
Les Romains s'installèrent dans la région au Ier siècle. Ils fondèrent la ville de Taurunum, construite sur les vestiges d'un ancien fortin celte ; la cité était située sur l'actuelle colline de Gardoš. Ils y construisirent à leur tour un fort et la localité se développa à partir de la place militaire. Sous l'époque romaine, elle devint une ville importante de cette partie de la province de Pannonie inférieure, en tant que place militaire et centre marchand, bénéficiant notamment de sa position sur le Danube ; elle servait notamment de port pour la flotte de Pannonie. La ville est déjà mentionnée par Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle comme le lieu « où la Save se mêle au Danube »[8] ; elle figure aussi sur la Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), copie d'une carte romaine du IVe siècle.
De cette période romaine, qui s'étend du Ier au IVe siècle, Zemun conserve des vestiges de fortifications et d'architectures civile et religieuse ; on y a aussi trouvé des documents épigraphiques, des reliefs et des pièces de monnaie. En raison de sa valeur, le site de Taurunum est aujourd'hui classé[9],[10]. Le site de Brestove međe, quant à lui, abrite les vestiges d'une localité, d'une nécropole et d'une voie romaine ; il a été identifié au village de Mutatio Novitiana, une « halte-relais » située sur la route Sirmium – Taurunum – Singidunum ; cette mutatio a été en activité depuis le Ier siècle jusqu'à l'Antiquité tardive ; le site, qui apporte des informations précieuses sur le limes danubien romain est aujourd'hui classé[7].
Vers 440, Taurunum fut prise par les Huns et, à partir de cette époque, la ville n'est plus mentionnée pendant plusieurs siècles. Du Ve au VIIIe siècle, la région fit partie du royaume ostrogoth, du royaume des Gépides ; elle fut contrôlée par les Lombards, les Avars et les Francs. En 827, la ville fut conquise par l'empire bulgare et fut appelée Земльн (Zemlyn), la « ville construite en terre », puis, vers l'an mil, elle fit partie du royaume de Hongrie et fut appelée Zimony ; une forteresse y fut alors construite, dont subsistent encore aujourd'hui les tours d'angle et une partie du mur de défense[11],[12]. En 1018, la ville fut acquise par l'Empire byzantin puis reconquise par les Hongrois en 1071 et, pendant quelques décennies, elle passa tour à tour entre les mains de l'Empire et royaume.
Du XIIIe au XVe siècle, la ville fut tour à tour hongroise et serbe. En 1268, le roi serbe Stefan Dragutin se maria avec la princesse hongroise Elisabeth Cuman et reçut en dot la région de Syrmie ; la ville faisait partie de ses possessions et reçut son nom actuel de Земун (Zemun). En 1319, les Hongrois reprirent la Syrmie qui fut ensuite conquise par l'empereur serbe Stefan Dušan en 1353 puis reprise par les Hongrois vers 1370. En 1412, à la suite d'un traité entre le roi de Hongrie Sigismond et le despoteStefan Lazarević, Zemun fit partie du despotat de Serbie. La ville redevint hongroise en 1434, à la suite du mariage de Catherine Branković, la fille du despote Đurađ Branković, avec le comte Ulric de Cilley.
Après que la Serbie tomba sous la domination ottomane en 1459, Zemun devint un important avant-poste militaire.
Les troupes autrichiennes, commandées par Maximilien-Emmanuel de Wittelsbach, prirent Zemun une première fois en 1688, lors de la guerre austro-turque de 1683-1699 et ils lui donnèrent le nom de Semlin ; en revanche, les Ottomans leur reprirent la ville dès 1690. Zemun et le sud de la Syrmie furent à nouveau conquis par les Autrichiens en 1717 par le prince Eugène de Savoie-Carignan et, selon les clauses du traité de Passarowitz, signé le , Zemun et sa région devinrent terres d'Empire et firent alors partie des domaines de la famille de Schönborn. En 1728, les Capucins ouvrirent une première école. L'une des institutions les plus originales de cette période fut celle de la « Quarantaine », créée en 1730 ; elle était destinée à accueillir et à maintenir en quarantaine les voyageurs qui, ayant traversé la Save, se rendaient sur les terres impériales ; de cette institution, l'actuelle municipalité de Zemun conserve deux chapelles, la chapelle orthodoxe Saint-Michel et Saint-Gabriel, construite en 1786, et la chapelle catholique Saint-Roch, construite en 1836 ; cette institution perdura jusqu'en 1842[13],[14].
Zemun en 1791
La guerre reprit entre Autrichiens et Ottomans en 1737 et les Turcs s'emparèrent de Belgrade en 1739 ; de nombreux catholiques et orthodoxes se réfugièrent à Zemun. Le traité de Belgrade de 1739 fixa définitivement la frontière entre les deux empires et Zemun resta autrichienne. La zone tampon de la Frontière militaire, sur les marches de l'empire d'Autriche, fut organisée dans la région en 1746 et Zemun bénéficia du statut de commune militaire en 1749. En 1751, Marko Nikolić devint le premier maire de la ville, avec le titre de Mastistrat (« le juge »). En 1754, la population de Zemun comptait 1 900 chrétiens orthodoxes, 600 catholiques, 76 Juifs et environ 100 Roms. En 1777, la population de la ville comptait 1 130 foyers et 6 800 habitants, dont la moitié étaient des Serbes, la seconde moitié étant constituée de Catholiques, de Juifs, d'Arméniens et de Musulmans. La majorité de la population catholique était formée par des Allemands. De cette période remonte également l'installation de populations hongroises. En 1776, la présence d'une synagogue est mentionnée dans la ville ; la première brasserie y ouvrit ses portes en 1779 et le premier hôpital en 1789.
Joseph Reinach, qui visita la ville en 1878, écrira dans son Voyage en Orient : « Je vous dirai donc, sans détour, qu'il n'est pas de plus vilaine bourgade que Semlin. Une population en guenilles, laide, d'aspect vicieux, mélange répugnant de ce que la Hongrie a de plus paresseux, l'Allemagne de plus grossier, la Syrmie de plus malpropre, le Ghetto de plus corrompu ; de grands gaillards patibulaires, des vieillards rongés d'ulcères, des enfants nus, des femelles qui le sont à moitié, des chiens ignobles, tout cela grouillant, piaillant, criant, hurlant, se disputant, se roulant dans la poussière, se ruant autour de moi, m'offrant ses services, voulant porter qui mon châle, qui mon parasol, qui mon sac, m'injuriant quand je m'obstine à me passer de leur secours, rappelant, dans tout leur réalisme, certaines gravures de Callot et, dans toute leur fantaisie, certains dessins de Doré. Au milieu de cette tourbe, comme des rayons d'or dans une noire eau-forte de Rembrandt, deux ou trois jeunes femmes serbes, sveltes, légères, gracieuses, soutenant sur leur tête des paniers de légumes et de fruits, canéphores charmantes. La ville elle-même, (ce que j'en ai vu) est en parfaite harmonie avec la population : rien de plus misérable. »[15]
Un timbre de Type Roo de Semlin (Zemun), oblitéré en 1850
Au XIXe siècle, Zemun prospéra en profitant de sa situation en tant que ville frontière. Des Allemands et des Serbes vinrent s'y installer en grand nombre, dans les nouveaux faubourgs de Franzenstal et de Gornja Varoš, respectivement. La population de la ville s'éleva à 7 089 habitants, répartis dans 1 310 foyers. Le lycée de Zemun ouvrit ses portes le ; à l'époque, il ne comptait que 21 élèves sur un seul niveau scolaire[16] ; la première bibliothèque ouvrit en 1861 ; à la place du parc de la Quarantaine, l'actuel Gradski park fut créé entre 1879 et 1886[17] ; la ville se dota d'une nouvelle poste moderne en 1896[18]. Sur le plan des infrastructures, la ligne de chemin de fer Zemun-Budapest fut inaugurée le et, un an plus tard, la ville fut reliée à Belgrade grâce à un pont ferroviaire (détruit en 1914)[19] ; l'éclairage public électrique entra en service en décembre 1900.
La ville basse connut une grande inondation à la suite d'une crue du Danube en 1876 ; entre 1886 et 1889, une digue le plusieurs kilomètres, aujourd'hui le Zemunski kej, le « quai de Zemun », fut élevée le long du fleuve ; malgré cela, une nouvelle inondation eut lieu en 1895.
La tour de Gardoš
La tour de Jean Hunyadi (Kula Sibinjanin Janka), également connue sous les noms de « tour du Millénaire » et de « tour de Gardoš », a été inaugurée en 1896 pour célébrer le millième anniversaire de l'installation des Hongrois dans la plaine de Pannonie ; elle s'inscrivait à l'époque dans toute une série de constructions commémorant l'événement, avec des bâtiments édifiés à Budapest et quatre tours du millénaire situées dans les quatre grandes directions géographiques ; celle de Zemun constituait la tour la plus méridionale ; elle a été érigée à l'emplacement de la forteresse médiévale de Gardoš ; pendant plusieurs décennies, elle a été utilisée comme lieu d'observation par les pompiers de la ville.
Sur le plan administratif, au moment où le royaume fut divisé en banovines par le roi Alexandre Ier[20], Zemun fut intégrée à l'administration de la ville de Belgrade (en serbe : Uprava grada Beograda), dont le territoire constituait une enclave au sein de la banovine du Danube. Le , la municipalité de Zemun fut intégrée dans la municipalité de Belgrade et le secteur administratif de Zemun releva du gouvernement municipal de la capitale yougoslave.
En 1927, le premier aéroport civil et militaire du royaume entra en activité dans les faubourgs de Zemun. ; le premier vol intérieur commercial eut lieu le entre Zemun et Zagreb. Le commandement de l'Armée de l'air du royaume de Yougoslavie fut installé à Zemun en 1928. À cette époque, deux entreprises de construction aéronautique de premier plan fonctionnaient dans la ville, la société Zmaj, fondée en 1927[21],[22], et la société Ikarus, créée par le pilote et officier de marine Dimitrije Konjović à Novi Sad en 1923 et transférée à Zemun en 1932[23]. Plus généralement, la ville connut alors un important essor industriel, avec des sociétés comme Teleoptik (instruments de précision) ou Veterinarski zavod (produits vétérinaires). En 1934, deux lignes d'autobus relièrent Zemun et Belgrade.
Au moment de l'invasion de la Yougoslavie par les puissances de l'Axe en avril 1941, l'aéroport constitua un objectif important pour les nazis. Zemun fut occupée et fit officiellement partie de l'État indépendant de Croatie dirigé par les Oustachis ; en revanche, de facto, la ville resta sous le contrôle direct des Allemands ; à cette époque, la rue principale de la ville, la rue Glavna, fut rebaptisée rue Adolfa Hitlera.
En 1945, sur le plan administratif, Zemun fut divisée en deux entités, la ville de Zemun et le district de Zemun (srez), contrairement au reste de Belgrade qui fut divisé en raions. En 1955, ces deux subdivisions furent de nouveau intégrées à Belgrade. Parallèlement, dans les années 1950 et 1960, les municipalités de Boljevci et de Dobanovci furent annexées à la municipalité de Surčin, tandis que Batajnica était intégrée à Zemun. En 1965, Surčin fut à son tour annexée à la municipalité de Zemun puis redevint une municipalité à part entière en 2003. En 1952, Zemun fut amputée d'une partie de son territoire pour permettre la formation de la nouvelle municipalité de Novi Beograd.
La municipalité de Zemun compte officiellement deux localités : Zemun, qui fait partie de la ville de Belgrade proprement dite (en serbe : uža teritorija grada) et le village d'Ugrinovci, avec les deux hameaux de Grmovac et de Busije. La plupart des quartiers de l'actuelle municipalité de Zemun se sont développés dans les dernières décennies (Altina, Plavi horizonti, Kamendin, Grmovac, Busije, etc).
Les données communiquées pour la pyramide des âges et la répartition par nationalités, comme celles sur la religion, intègrent la population de l'actuelle municipalité de Surčin qui fut détachée de Zemun en 2004. En 2002, les deux municipalités comptaient ensemble 191 645 habitants[25].
Tombes juives polies par les siècles au cimetière de Zemun
En 1739, une petite communauté juive s'établit à Zemun. L'année suivante, elle obtient son propre cimetière dans la ville et en 1755, une école juive est fondée. Le recensement de la ville de 1756 indique l'existence des aïeux de Théodore Herzl, le futur fondateur du sionisme au XIXe siècle, parmi les 76 Juifs de la ville[24].
En 1904, une délégation des Juifs de Zemun participe au Premier congrès sioniste de la jeunesse juive des pays slovènes. La communauté compte 1 200 membres en 1912[30]. En 1931, le mouvement de l'Hashomer Hatzaïr est fondé. L'année suivante, une loi du royaume de Yougoslavie interdit l'école juive fondée au XVIIIe siècle[24].
En avril 1941, sous occupation allemande, les Juifs de Zemun n'ont plus aucun droit et sont contraints aux travaux forcés. L'année suivante, le 27 juillet 1942, des Juifs et de nombreux Serbes sont déportés dans le camp d'extermination de Jasenovac, réputé pour sa cruauté et dans celui de Stara Gradiska. En octobre 1944, le travail de la communauté juive de Zemun reprend mais fin 1945, il manque 574 Zemunis de confession juive qui ont été assassinés durant la Shoah[24] et seuls, 115 Juifs subsistent à Zemun à cette date[30]. Onze ans plus tard, les biens immobiliers des Juifs sont nationalisés. En 1961, la synagogue ashkénaze est vendue. Dès après les guerres de l'ex-Yougoslavie (1995), la communauté juive bénéficie d'un programme de revitalisation[24].
De nos jours, Zemun abrite l'ancienne synagogueashkénaze, située à l'angle des rues Preka et Rabina Alkalaja, construite en 1850 dans un style néoromantique, transformée en un restaurant[31] et une école de langue[32]. La toute petite communauté juive de Zemun est active (expositions, publications...) et dispose d'une association établie au 22 rue Dubrovačka ; un cimetière juif se trouve au 32 rue Cara Dušana[33].
Des élections locales anticipées ont eu lieu dans la municipalité de Zemun le . À la suite de ces élections, les 57 sièges de l'assemblée municipalités se répartissaient de la manière suivante[34] :
De l'ancienne forteresse médiévale de Zemun, construite au IXe siècle, subsistent les tours d'angle et une partie du mur de défense ; le site est aujourd'hui classé[11],[12]. C'est là que les Serbes se battirent contre l'armée de Soliman le Magnifique en 1521. À cet emplacement a été bâtie la tour Kula Sibinjanin Janka, la « tour de Jean Hunyadi », encore appelée Tour du Millenium ; elle a été inaugurée le pour célébrer le millénaire de l'installation des Hongrois dans la Plaine pannonienne. Cette tour, située sur la colline de Gardoš est aujourd'hui un des symboles de Zemun. Le quartier qui l'entoure a conservé ses rues étroites et pavées.
Le centre ancien de Zemun, qui remonte pour l'essentiel aux XVIIIe et XIXe siècles, possède une valeur architecturale qui lui vaut d'être classé dans son ensemble sur la liste des entités spatiales historico-culturelles de grande importance de la république de Serbie[36] et sur la liste des biens culturels protégés de la ville de Belgrade[37].
Zemun conserve également de nombreuses maisons dessinées et construites par l'architecte Franjo Jenč (1867-1967) ; ses créations ont en partie façonné l'image du centre ancien de Zemun, notamment celle de la rue Glavna.
Franjo Jenč, maison de Kalmina Levi, 11 rue Dubrovačka, reconstruite en 1907
Franjo Jenč, maison de Katarina Marković, 12 rue Glavna, 1907
Franjo Jenč, maison du photographe Gater, 20 rue Glavna, reconstruite en 1908
Franjo Jenč, maison située 51 rue Glavna, 1909
Sur le plan de l'architecture industrielle, la Fonderie Pantelić, située au 15 rue Lagumska (ancienne rue Gajeva), construite en 1854, était au départ un atelier de serrurerie qui, avec le temps, est devenu une fonderie spécialisée dans la coulée de cloches et la fabrication d'horloges pour les tours-clochers[87],[88].
La municipalité dispose de trois théâtres. Le Théâtre de marionnettes Pinokio (Pozorište lutaka Pinokio), situé 9 rue Karađorđeva, a été créé en 1972, à l'initiative de Živomir Joković[90]. L'Opéra et théâtre Madlenianum, situé 32 rue Glavna, a ouvert ses portes en 1999, en remplacement de l'ancien Théâtre national de Zemun ; il présente des opéras, des ballets, des pièces de théâtre, des comédies musicales et des concerts[91]. Le Théâtre amateur BAP est situé à Batajnica. La municipalité abrite également plusieurs galeries d'art, comme la Galerija Stara kapetanija, la Galeriјa Doma vazduhoplovstva et la galerie Riznica[92].
La vie culturelle de Zemun est également animées par plusieurs associations culturelles : l'association Branko Radičević (10-13 Masarikov trg), l'association Ikarbus (8 rue Prvomajska), l'association Branko Ćopić, l'association Sedmica, l'association Bataјnica et le Klub matične kulture[92].
Le lycée de Zemun, situé au 1 Gradski park, a été créé le , ce qui en fait l'un des plus anciens de Serbie après ceux de Sremski Karlovci (1792) et de Novi Sad (1810)[16]. Parmi les autres établissements d'études secondaires (srednje škole) figurent l'école d'économie Nada Dimić (19 rue 22. oktobra), créée en 1883[102], une école de génie électrique (4 rue Nade Dimić), créée en 1954[103], et l'école de médecine Nadežda Petrović (4 rue Nade Dimić), créée en 1958[104].
Zemun possède plusieurs établissements d'études supérieures[105]. La Faculté d'agriculture de l'université de Belgrade est située au 6 rue Nemanjina ; elle a été créée en 1905[106]. L'une des facultés de l'université Alpha, un établissement privé fondé en 1992[107], l'Académie des beaux-arts, est située 28 rue Nemanjina ; elle a été créée par l'écrivain Dušan Đoković[108].
La municipalité compte également plusieurs instituts de recherche, comme l'Institut pour l'application de l'énergie nucléaire (en serbe : Institut za primenu nuklearne energije ; en abrégé : INEP), situé 31 rue Banatska ; créé en 1959[109], cet institut pluridisciplinaire, effectue des recherches scientifiques dans les domaines de la biologie, de la chimie, de la médecine et de la physique[110]. L'Institut de chimie alimentaire (Institut za Hemijske Izvore Struje), créé en 1971, se trouve 23 Batajnički drum[111].
Santé
Le système de soins de la municipalité est organisé autour du Centre médical de Zemun (en serbe : Dom zdravlja Zemun), qui, en plus de son activité propre, coordonne 13 centres médicaux de terrain[112],[113]. Plusieurs établissements travaillent pour la protection sociale, notamment auprès du Centre municipal pour le travail social (Gradski centar za sociјalni rad) et du centre municipal de la Croix-Rouge[112]. Le siège du Centre de gérontologie de Belgrade (Gerontološki centar Beograd) est situé 49 rue Marije Bursać, dans la maison de retraite de Bežanijska kosa[114] ; créé dans les années 1960, il est affilié à l'European Social Network (ESN), le « réseau social européen »[115]. Zemun abrite également une maison d'accueil pour les handicapés[116].
Le réseau de pharmacies Apoteka Beograd, créé par le gouvernement de la Serbie en 2007, dispose de plusieurs succursales dans la municipalité : les pharmacies Zemun Polje, Fruška gora et Zemun (toutes deux situées rue Glavna) ainsi que les pharmacies Nova Galenika, Batjnica, Prof. Siniša Ðaja et Sutjeska[120].
Le stade Zemun est le stade attitré du FK Zemun ; ouvert en 1962, il peut accueillir 10 000 spectateurs[128]. Le Stadion Aerodrom, à Batajnica, dispose de 2 800 places. Parmi les autres installations sportives, on peut citer le Centre culturel et sportif Pinki, qui a ouvert ses portes en 1974 ; il est situé dans le Gradski park, dans le centre ancien de Zemun. Il est doté d'une grande salle de 1 200 m2 qui peut accueillir jusqu'à 2 300 spectateurs ; on y organise entre autres des compétitions de handball, de basket-ball, de volley-ball, de football en salle, d'arts martiaux et de gymnastique[129] ; le centre abrite aussi une salle réservée aux arts martiaux, une autre à la gymnastique et une autre à la danse ; il dispose aussi d'une piscine et d'une école de natation. Le centre Vizura sport, rue Cara Dušana, qui fait partie de la société Vizura sport d.d.o., a ouvert ses portes en 2009 ; il dispose d'une surface de 1 300 m2 et est destiné à accueillir les équipes de volley-ball et de basket-ball de la ville ; on peut également y pratiquer la lutte, le karaté, la gymnastique et le tennis de table[130].
Économie
Zemun est l'une des municipalités les plus industriellement développées de Belgrade[131], avec deux zones industrielles en pleine expansion. L'une d'entre elles est située le long de l'autoroute Belgrade-Novi Sad et l'autre le long de la route qui mène à Batajnica et, au-delà, à Novi Sad. Des magasins et des entrepôts sont également construits dans ces deux zones industrielles.
De nombreuses entreprises ont leur siège social à Zemun.
La société Teleoptik remonte à 1922 ; à cette époque, elle travaillait dans les domaines de la téléphonie et des instruments de précision ; privatisée en 2007, elle fabrique et commercialise du matériel pour l'industrie du gaz[132]. INSA a été créée en 1950 pour fabriquer des horloges ; en plus de cela, elle produit aujourd'hui toutes sortes d'instruments de mesure, notamment dans les domaines de la sécurité industrielle ou de la médecine[133]. La société Zmaj (« le dragon »), créée en 1927, est l'une des plus anciennes de la municipalité ; à l'origine, elle construisait des aéroplanes et des hydravions, puis, après la Seconde Guerre mondiale, elle s'est reconvertie dans la fabrication de machines agricoles ; elle a été privatisée en 2006[134]. La société Ikarbus a été créée à Novi Sad en 1923 sous le nom d'Ikarus par Dimitrije Konjović, un pilote et un officier de marine ; à cette époque, l'entreprise était un avionneur, qui, en 1927, commença la production d'avions militaires ; en 1932, le siège social d'Ikarus fut transféré à Zemun et, en 1954, l'entreprise produisit ses premiers autobus ; depuis 1961, elle se consacre exclusivement à la fabrication de ce type de véhicules[135]. La métallurgie est représentée par les sociétés IMPA et Intersilver[136]. La société Pupin Telecom conçoit et produit des commutateurs téléphoniques, des commutateurs réseaux, des téléphones et cabines téléphoniques[137].
L'industrie du bois et de l'ameublement est représentée par les sociétés Gaj inženjering[138] et Reprek. La société Obuća Beograd fabrique des chaussures et les entreprises TIZ (Tekstilna industrija Zemun), créée en 1975[139], et Zekstra, créée en 1978[140], travaillent dans l'industrie textile.
Le secteur agroalimentaire est représenté notamment par Soko Štark, qui fabrique des conserves et la confiserie. Polimark, créée en 1989, fabrique et commercialise des condiments (ketchup, moutarde, mayonnaise etc.) et des produits laitiers[149]. Coca Cola HBC-Srbija a son siège à Zemun ; en 1989, la société est devenue une filiale de Coca-Cola Hellenic Bottling Company[150] ; elle produit, vend et distribue en Serbie des boissons non alcoolisées et, particulièrement, les produits de The Coca-Cola Company. Navip fabrique et vend des vins et des spiritueux[151].
Zemun dispose de nombreux hôtels et restaurants[152]. Le plus prestigieux des hôtels de Zemun est l'hôtel Jugoslavija, au bord du Danube, qui a ouvert ses portes en 1969 ; cet édifice moderne, endommagé au cours du bombardement de la Serbie par l'OTAN en 1999, n'a rouvert que partiellement en 2008 ; il devrait être entièrement opérationnel en 2013[153].
Les quais du Danube constituent des lieux d'attractions privilégiés, notamment dans le quartier de Zemunski kej, le « quai de Zemun ». Une allée, parallèle au Kej oslobođenja, longe le fleuve et, après Ušće, dans la municipalité de Novi Beograd, ce passage forme une continuité avec les allées piétonnes qui bordent les quartiers de Staro Sajmište et de Savski Nasip, sur la rive gauche de la Save. Le Zemunski kej abrite également plusieurs marinas, dont les marinas Nautec[154] et Dunav[155]. Sur la rive, en contrebas de l'hôtel Jugoslavija, se trouvent de nombreuses barges, abritant des restaurants et des discothèques qui contribuent à la vie nocturne de la capitale serbe.
En plus de l'attrait touristique de ses monuments culturels classés, Zemun possède quelques espaces naturels. Le plus important d'entre eux se trouve sur la grande Île de la guerre, située sur le Danube ; depuis 2005, les richesses naturelles de l'île sont placées sous la protection de la ville de Belgrade[156] et l'ensemble a été classé dans les catégories III (Monument naturel) et IV (Aire de gestion des habitats ou des espèces) de l'UICN par l'Institut pour la conservation de la nature de Serbie (Zavod za zaštitu prirode Srbije)[157]. En raison de son écosystème humide, elle sert de réserve naturelle pour 196 espèces d'oiseaux ; on y trouve notamment des colonies de grandes aigrettes (Ardea alba), de héron cendré (Ardea cinerea), de hérons pourprés (Ardea purpurea), de cormorans pygmées (Phalacrocorax pygmaeus) et de bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax)[158]. L'île est accessible en bateau ou, en été, par un pont flottant installé par l'armée qui permettent d'accoster à la petite plage du Lido, située à sa pointe septentrionale.
Le canal de Galovica, long de 52 km reçoit les eaux de pluie de la montagne de la Fruška gora, voisine ; pour les amateurs de pêche sportive, il est particulièrement riche en poissons blancs et constitue également un lieu de promenade. Le Dobanovački zabran est une forêt giboyeuse de 500 ha[158]. La société de chasseZemun gère un territoire connu sous le nom de Donji Srem, qui s'étend sur 45 902 ha, dont 28 000 ouverts à la chasse ; on peut y trouver notamment des chevreuils, des sangliers, des lièvres, des faisans et des perdrix ; en revanche, l'activité de chasse est très encadrée et la zone est réservée aux membres de l'association[159].
En plein centre-ville se trouve le Gradski park, le « parc municipal », qui abrite des édifices anciens et des monuments mais aussi des arbres protégés comme un ginkgo biloba centenaire, un gymnocladus du Canada (Gymnocladus dioicus) centenaire, un if (Taxus baccata) de près de soixante ans et un sophora du Japon (Styphnolobium japonicum), lui aussi centenaire[158].
Sur le plan ferroviaire, trois gares desservent la municipalité, celles de Batajnica, Zemun polje et Zemun, situées sur le réseau express régionalBeovoz. On peut y emprunter la ligne 1 (Stara Pazova - Batajnica - Beograd Centar - Pančevo Vojlovica) qui la relie à Stara Pazova, en Syrmie, et à Pančevo, dans le Banat méridional, en passant par le centre de Belgrade, la ligne 3 (Stara Pazova - Batajnica - Beograd Centar - Rakovica - Renik - Ripanj), qui conduit de Stara Pazova à Ripanj (au sud de Belgrade), la ligne 5 (Nova Pazova - Batajnica - Beograd Centar - Rakovica - Resnik - Mladenovac), qui va de Nova Pazova, en Syrmie, à Mladenovac, et la ligne 6 (Stara Pazova - Batajnica - Beograd Centar - Rakovica - Mala Krsna), qui mène de Stara Pazova à Mala Krsna, sur le territoire de la ville de Smederevo[163]. Ces trois gares constituent également des stations du nouveau réseau BG VOZ (Batajnica - Pančevački most).
La base aérienne de Batajnica, qui ne dispose que d'un trafic civil limité, est également située dans la municipalité de Zemun, dans le quartier de Batajnica.
Parmi les écrivains nés à Zemun figurent Rudolfo Franjin Magjer (1884–1954), Dora Pfanova (1897–1989), Josip Kulundžić (1899–1970), Theodor Balk (1900–1974), de son vrai nom Fodor Dragutin, ou encore Miloš Bandić (1930–1996).
L'architecte Franjo Jenč (1867-1967) est né et mort à Zemun ; par ses créations inspirées de l'Art nouveau, il a contribué à façonner l'image du centre ancien de la ville. Jovan Prokopljević (né en 1940) est un architecte et un caricaturiste. Le musicien et chanteur Saša Kovačević (né en 1985) est originaire de la ville, ainsi que le journaliste et animateur de radio Zoran Modli.
↑(sr)[PDF] H. Milanović, « Parkovi Beograda », sur izdavackicentar.ds.org.rs, Centre de recherche et de publication, (ISBN86-7856-018-5, consulté le ).