Les élections parlementaires italiennes de 2013 (Elezioni politiche italiane del 2013, en italien) se sont déroulées les 24 et . Elles se sont tenues à la suite de la dissolution du Parlement du , afin de désigner les 630 députés de la Chambre des députés et les 315 sénateurs élus du Sénat de la République, selon la loi électorale de 2005 pour la XVIIe législature, d'une durée normale de 5 ans[1],[2]. Elles sont légèrement anticipées puisque l'échéance naturelle de la législature correspond à fin mars, début avril. Trois élections régionales anticipées, en Lombardie, Latium et Molise, se déroulent en même temps.
La coalition au pouvoir connaît sa première crise en , lorsque le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, ancien dirigeant de l'Alliance nationale, fait scission du PDL et fonde Futur et liberté pour l'Italie (FLI), mettant en péril la majorité de Berlusconi dans les deux chambres. Le , le gouvernement Berlusconi remporte de justesse la confiance à la Chambre, en suscitant la création d'un nouveau groupe parlementaire Peuple et territoire (nom actuel). En , alors que la crise au sein de la zone euro se fait de plus en plus profonde, Silvio Berlusconi, sous la pression des marchés financiers et du président de la République Giorgio Napolitano, présente la démission de son gouvernement. Quelques jours plus tard, Mario Monti, un ancien commissaire européen, indépendant de toute étiquette politique, est nommé par le chef de l'État dans le but de former un gouvernement « technique », permettant à l'Italie de retrouver une situation économique apaisée.
Très largement soutenu par les principales forces politiques parlementaires, à l'exception notable du parti populiste Ligue du Nord, puis de l'Italie des valeurs, le gouvernement Monti mène plusieurs réformes structurelles importantes, notamment en adaptant le droit du travail et en diminuant les dépenses publiques.
Dissolution des chambres
Le , après l'abstention du PDL lors de deux votes de confiance à la Chambre des députés, Mario Monti annonce qu'il remettra sa démission irrévocable une fois voté le budget de l'État. Conformément à cet engagement, il se présente, le 21 décembre, devant le président de la République, Giorgio Napolitano, qui le charge d'expédier les affaires courantes. Le lendemain, après de brèves discussions avec les représentants des partis, le chef de l'État prononce la dissolution du Parlement italien et convoque les élections pour les 24 et . Mario Monti reste en poste jusqu'au , date à laquelle Enrico Letta lui succède comme nouveau président du Conseil.
Italiens à l'étranger
Sont également concernés les Italiens résidant à l'étranger, de manière permanente, au , selon le décompte suivant :
Europe, y compris Russie et Turquie asiatiques : 2 365 170 qui élisent cinq députés et deux sénateurs,
Amérique du Sud : 1 338 172 qui élisent quatre députés et deux sénateurs,
Amérique du Nord et centrale : 400 214 qui élisent deux députés et un sénateur,
Afrique, Asie, Océanie et Antarctique : 237 600 qui élisent un député et un sénateur.
Depuis les élections de 2008, le groupe parlementaire du PdL s'est réduit en peau de chagrin, passant de 276 à 205 députés, soit seulement un de plus que son adversaire démocrate, à la veille de la dissolution, en . Alfano, considéré comme le dauphin de Berlusconi, est une personnalité politique connue des Italiens, puisque, en sa qualité de ministre de la Justice, il a rédigé et défendu au Parlement la loi d'immunité pour le président de la République, du Conseil des ministres, de la Chambre des députés et du Sénat, censée protéger le chef du gouvernement des poursuites dont il faisait l'objet.
Après avoir fait planer le doute, Silvio Berlusconi a annoncé, en , qu'il ne souhaitait pas concourir aux élections de 2013 et son successeur serait choisi à l'occasion de primaires ouvertes. Cependant, au début du mois de décembre, affirmant avoir reçu de nombreuses sollicitations, il déclare finalement sa candidature, ce qui entraîne l'annulation des primaires.
Au , le PdL n'est allié qu'avec La Droite à laquelle Berlusconi apporte son soutien pour la présidence du Latium à Francesco Storace, Frères d'Italie - Centre droit national qui aura sa propre liste ainsi que Grande Sud dirigé par Gianfranco Miccichè. Le , un accord de coalition est signé avec la Ligue du Nord pourvu que Berlusconi ne se porte pas candidat à la présidence du Conseil, mais soit uniquement le chef de la coalition commune. Le PdL soutient alors Roberto Maroni à la présidence de la région Lombardie. Le nom du candidat de la coalition au gouvernement reste peu clair (Alfano, Tremonti ?) tandis que Berlusconi, dans l'une des nombreuses déclarations contradictoires, dont il est coutumier, déclare qu'il se contenterait du ministère des Finances si sa coalition venait à remporter les élections. Finalement, lors du dépôt des symboles électoraux, c'est le nom de Berlusconi président qui figure sur celui du PdL (mais pas pour la circonscription de l'étranger) tandis que ceux de Maroni et de Tremonti figurent sur celui de la Ligue du Nord.
La coalition comprend finalement neuf partis tandis que le centre gauche en compte sept : en plus du PdL, de Frères d'Italie et de la LN, Grande Sud soutenu par le Mouvement pour les autonomies (qui se présente cependant séparément au Sénat), La Droite, les Parti des retraités, Intesa popolare (de Giampiero Catone et de la Droite libertaire) ainsi que MIR (Moderati Italiani in Rivoluzione-Gianpiero Samorí), mais aussi uniquement au Sénat le Chantier populaire (Cantiere popolare) (en Sicile), une liste contre Equitalia (Liberi da Equitalia, devenue Liberi per una Italia equa), tandis que Francesco Saverio Romano obtient des places éligibles pour son PID sur les listes du PdL. Lors de la présentation des listes, particulièrement mouvementée en Campanie, le PdL exclut les candidatures de Nicola Cosentino, Marcello Dell'Utri, Claudio Scajola et d'autres personnalités mises en examen, comme Marco Milanese et Alfonso Papa, mais compte néanmoins trois condamnés définitifs et une vingtaine de personnalités condamnés en premier ressort ou mis en examen, dont son leader Silvio Berlusconi, Raffaele Fitto et Denis Verdini qui a été le chargé d'établir les listes. Antonio Razzi et Domenico Scilipoti sont deux autres parlementaires controversés qui finissent sur les listes en position éligible.
Sous le nom officiel de Ligue du Nord pour l'indépendance de la Padanie (Lega Nord per l'Indipendenza della Padania), ce parti populiste, régionaliste et xénophobe est le plus ancien de ceux qui se présentent, puisque constitué en 1989. Jusqu'en 2012, le parti était dirigé par son leader charismatique et fondateur, Umberto Bossi. Bien qu'il ait été victime, en 2004, d'une hémorragie cérébrale, celui que l'on surnomme « Il senatùr », du fait de son élection au Sénat de la République en 1987, est resté le dirigeant incontesté du parti jusqu'en 2012, lorsque la justice met au jour un vaste réseau de détournement de fonds publics à son profit, ainsi qu'à celui de sa famille et de ses proches. Ces révélations ont mis à mal le discours de la LN, qui aime à se présenter comme un parti propre luttant contre les corrompus de Rome. Une ultérieure dénonciation de la secrétaire du groupe sénatorial de la LN révélée par La Repubblica le ternit ultérieurement la réputation d'intégrité du mouvement.
Bossi est propulsé au poste de président fédéral de la Ligue, une fonction purement honorifique, et une direction collégiale est mise en place, avant que l'ancien ministre de l'Intérieur Roberto Maroni ne prenne la tête du parti.
Le , la Ligue du Nord demande à Silvio Berlusconi de renoncer à être chef de la coalition, si son parti, le Peuple de la liberté veut envisager de s'allier avec lui. Il avance le nom de Flavio Tosi comme chef de file pour les élections, étant lui-même candidat à la région Lombardie. Finalement un accord de coalition est signé avec le PdL le , mais aucun candidat n'est clairement choisi, par la coalition, pour devenir président du Conseil, tandis que sur le symbole électoral apparait la mention « TreMonti » (pour Giulio Tremonti) que le ministère de l'Intérieur rejette. Finalement ce sont les noms de « Maroni » et de « Tremonti » (sans M majuscule) qui figureront sur le symbole définitivement approuvé.
Grande Sud
Grande Sud est le nom de différents mouvements politiques du Mezzogiorno qui se sont fédérés surtout en Sicile pour faire pendant à la Ligue du Nord au sein de la coalition conservatrice. Son leader est Gianfranco Miccichè, ancien président de l'Assemblée régionale sicilienne. Le , Grande Sud annonce le soutien à Berlusconi, sur la base d'une union des présidents de régions méridionales de droite (Calabre, Campanie, Molise, qui eux ne se présenteront pas aux élections parlementaires). Ces listes auraient dû permettre de recycler des personnalités comme Marcello Dell'Utri que le PdL ne souhaite pas présenter dans ses propres listes, en raison de ses condamnations antérieures, mais avec l'exception notable de Raffaele Lombardo au Sénat, aucun ex-PdL condamné n'est présent sur les listes de ce mouvement. Le Mouvement pour les autonomies en perte de vitesse et qui se déchire sur ce retournement d'alliance avec le PdL, en perdant ses principaux dirigeants, décide de présenter des listes communes avec Grande Sud et séparément au Sénat (uniquement en Sicile).
Pour ce scrutin, trois forces du centre gauche, le Parti démocrate (Partito Democratico, PD), Gauche, écologie et liberté (Sinistra Ecologia Libertà, SEL), le petit Parti socialiste italien (Partito Socialista Italiano, PSI) et une formation centriste, le Centre démocrate (Centro Democratico, CD), ont décidé de tenir des élections primaires ouvertes afin de désigner un candidat commun à la présidence du Conseil des ministres. Les trois formations issues de la gauche ont ensuite formé une alliance.
Créé en , le PD est un rassemblement des sociaux-démocrates des Démocrates de gauche (DS) et des démocrates-chrétiens de La Marguerite (DL)[3]. Jusqu'aux élections locales de 2011, le parti a surtout essuyé des défaites électorales. À la fin de l'année 2009, l'échec de Renato Soru à conserver la présidence de la Sardaigne amène la démission de Walter Veltroni et la tenue de primaires, qui voient l'élection de Pier Luigi Bersani, ancien ministre, ancien président de Région, au poste de secrétaire du PD. Aux élections régionales de 2010, le parti cède encore quatre Régions, dont une à la Ligue du Nord. Toutefois, en 2011, il emporte la mairie de Milan et soutient, au second tour, un candidat de l'Italie des valeurs, qui prend celle de Naples. En 2012, il remporte les élections municipales italiennes de 2012. Trois de ses membres sont candidats aux primaires : le secrétaire Bersani, le maire de Florence, Matteo Renzi, et la conseillère régionale de Vénétie, Laura Puppato. SEL a été constitué en , rassemblant plusieurs partis ayant appartenu à la coalition Gauche et liberté (SL). Le parti est présidé par Nichi Vendola, président de la Région des Pouilles, ancien communiste et homosexuel déclaré, un profil particulièrement atypique pour la classe politique italienne. Il se présente aux primaires.
Le PSI, qui reprend le nom de l'un des principaux partis de l'après-guerre, laminé par l'opération Mains propres, a été formé en 2007. Son secrétaire, Riccardo Nencini, a présidé le conseil régional de la Toscane pendant dix ans. Pour les primaires, il apporte son soutien à Bersani. Enfin, l'API est le parti centriste constitué par Francesco Rutelli, ancien maire de Rome, ministre de la Culture du deuxième mandat de Romano Prodi, président de DL, qui a un temps fait partie du PD. Il est encore peu présent dans le paysage politique italien. Le député Bruno Tabacci, conseiller municipal de Milan, se présente aux primaires. Avec Massimo Donadi, ancien chef du groupe parlementaire de l'Italie des valeurs, il fonde le le Centre démocrate qui sera la composante centriste de l'Italie, bien commun.
À l'occasion du second tour de scrutin, le , Bersani l'emporte par 61 % des voix, contre 39 % à Renzi.
Convaincu par le succès des primaires et des parlamentarie, procédure similaire pour désigner les candidats, rajeunis et féminisés (les listes comporteront 41 % d'élues), Bersani fait une campagne sans thèmes politiques forts et l'opinion n'en retient quasiment que l'expression « enlever les taches au jaguar » (smacchiare il giaguaro, qui pourrait se traduire par (peigner le jaguar), il ne fait aucune proposition novatrice pendant la fin de la campagne électorale[réf. nécessaire].
Centristes (Avec Monti pour l'Italie)
Logo des listes de la société civile soutenant Mario Monti.
À part le Centre démocrate, allié au centre gauche, le centrisme indépendant depuis 2008 (auparavant il était allié avec Berlusconi) est surtout représenté par l'Union de centre (UdC) de Pier Ferdinando Casini. S'y ajoutent les mouvements de centre droit hostiles à Berlusconi comme celui du président de la Chambre, Gianfranco Fini, mais aussi quelques députes du Peuple de la liberté hostiles au populisme et à l'anti-européisme de Berlusconi, comme Mario Mauro et le think tankItalia futura.
Le à minuit, Mario Monti envoie un tweet annonçant qu'il va « monter » en politique (en opposition avec la descente en politique de Berlusconi en ). Ne pouvant se présenter aux élections en tant que sénateur à vie, il semble avoir accepté d'être le leader de trois mouvements : l'Union de centre de Pier Ferdinando Casini, le mouvement centriste chrétien-démocrate, un mouvement citoyen en cours de constitution à partir d'un laboratoire d'idées sous la houlette de Luca di Montezemolo, le président de Ferrari, appelé « Italia futura » et le parti de centre droit Futur et liberté pour l'Italie, dirigé par Gianfranco Fini, le président de la Chambre. La discussion est en cours pour savoir si trois listes séparées se présenteront à la chambre des députés tandis qu'une liste unique semble envisagée pour le Sénat. Au , rien en semble décidé : ni le nom, ni le symbole, tandis que l' « agenda Monti » semble préfigurer le programme accepté par toutes les composantes. Le , Mario Monti annonce lors d'une conférence de presse qu'il sera bien à la tête d'une coalition dénommée « Avec Monti pour l'Italie » qui se présentera unie uniquement au Sénat. Lui-même ne sera pas candidat aux élections, mais sera désigné comme candidat aux fonctions de président du Conseil par les forces coalisées. Lors du sommet de lancement, le , étaient présents, outre Mario Monti, et les ministres Corrado Passera[4], Antonio Catricalà, Andrea Riccardi et Enzo Moavero Milanesi, Pier Ferdinando Casini pour l'UdC, Benedetto Della Vedova pour FLI, Mario Mauro, un ex PDL, Pietro Ichino, un ex Parti démocrate, Andrea Olivero, ancien président ACLI, Lorenzo Dellai, ex PPI et quatre représentants d'Italia futura : Carlo Calenda, Andrea Romano, Nicola Rossi et Linda Lanzillotta.
Le , Monti dévoile le symbole et l'organisation électorale de son parti, Choix civique pour l'Italie, composé uniquement de non-parlementaires et qui portera le nom de « Choix civique - Avec Monti pour l'Italie » (en italien, Scelta civica - Con Monti per l'Italia) à la Chambre des députés. Deux autres listes dont le symbole n'est pas encore fixé seront présentées séparément par l'UdC et par FLI. Une liste unique sera en revanche présentée au Sénat, ensemble avec l'UdC et FLI avec pour nom « Avec Monti pour l'Italie ».
Le Mouvement 5 étoiles (MoVimento 5 Stelle, M5S) est un parti politique, constitué le , sous l'impulsion du comique Beppe Grillo, empêché de se présenter aux primaires pour le secrétariat du Parti démocrate. Le M5S se présente comme une formation contre les partis, anti-corruption, partisane de la démocratie directe, écologiste et décroissante. Aux élections municipales italiennes de 2012, il parvient à se classer en troisième position au niveau national, derrière le PD et le PDL. À Parme, son candidat au poste de maire, Federico Pizzarotti est élu avec 60 % des voix contre le candidat présenté par l'ensemble des forces de centre gauche.
Lors des élections régionales anticipées du en Sicile, le M5S fait une apparition remarquée au conseil régional, remportant 14,9 % des voix et 15 sièges sur 90. Avec un tel résultat, il est le premier parti de l'île, devant le PD et le PDL, qui se présentaient dans le cadre de coalitions. Dans les sondages préélectoraux, le M5S est crédité de scores très importants, avec plus de 15 % des suffrages exprimés, dépassant parfois le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi.
Se présentent également d'autres listes, coalisées ou non :
Avec comme chef de coalition Ottavio Pasqualucci, les partis non-parlementaires suivants : Partito cittadini, Lega centro, Forza Roma, Forza Lazio, No Gerit Equitalia, Mondo anziani, No alla chiusura ospedali, Dimezziamo lo stipendio ai politici, Viva l'Italia : seuls ces trois derniers figureront sur les bulletins de vote.
Les résultats ci-dessous ne comptent que les suffrages exprimés en Italie, sans la Vallée d'Aoste et ne tiennent pas compte des votes des Italiens à l'étranger.
Résultats des Élections parlementaires italiennes de 2013 (19 régions)
Les résultats ci-dessous ne comptent que les seuls suffrages exprimés valables à l'étranger, dans quatre circonscriptions continentales, par des citoyens italiens résidant de façon permanente au en dehors de l'Italie, et qui ont voté par correspondance avant le , en adressant leurs bulletins à leur consulat.
Les résultats ci-dessous ne comptent que les seuls suffrages exprimés valables à l'étranger, dans quatre circonscriptions continentales, par des citoyens italiens résidant de façon permanente au en dehors de l'Italie, et qui ont voté par correspondance avant le , en adressant leurs bulletins à leur consulat.
↑Il s'agit du uniquement du chef de la coalition électorale et n'est pas synonyme de candidat à la présidence du Conseil, notamment pour la coalition PdL-LN-GS.