Ses activités industrielles le rapprochent des milieux politiques, qui le consultent régulièrement en matière notamment d'armement. En , face à la crise de l'artillerie lourde, Loucheur devient sous-secrétaire d’État à l’Artillerie et aux Munitions, aux côtés du ministre de l'Armement et des Fabrications de guerre, Albert Thomas, dans le gouvernement d'Aristide Briand. Dès sa nomination, Loucheur se distingua par la stratégie de la « production totale » ; il est aidé par trois hommes, Xavier Loisy, Edmond Philippar et Paul Munich, tous ingénieurs de formation.
Il est élu député de la circonscription d’Avesnes-sur-Helpe (Nord) pour la Fédération républicaine en , malgré une campagne de presse, qui l'accuse d'être un « profiteur de guerre ». Il déploie une intense activité parlementaire, s'intéressant aux chemins de fer et aux habitations à bon marché, et il s'impose comme l'un des ténors des Républicains de gauche, groupe indispensable à la formation de la plupart des majorités, s'appuyant notamment sur Le Petit Journal, puissant quotidien de l'époque. Il est réélu en 1924 et en 1928.
Du à , Loucheur est ministre du Travail et de la Prévoyance sociale (quatrième et cinquième gouvernements Poincaré du au , dixième gouvernement Briand du au , premier gouvernement André Tardieu du au ). Les mouvements sociaux, et la crise du logement qui s'accentue du fait de la construction très réduite de logements dans la période d'après-guerre conduisent au vote de la loi Loucheur, en , qui prévoit la construction sur cinq ans de 200 000 logements HBM et 60 000 logements à loyer moyen.
Il est ministre de l'Économie nationale, premier à porter ce titre dans l'histoire de la République française, dans le gouvernement Théodore Steeg, du au .
Loucheur fut proche de Thadée Natanson, le cofondateur de La Revue Blanche, qui devint le centre de ralliement des peintres nabis, et de Vuillard, qu'il aida en 1914, en le recommandant pour accéder à la tête d'une usine de guerre à Lyon.
Vers 1928-1929, le peintre fit son portrait (musée des Beaux-Arts de Lille), dont l'étude préparatoire figura, avec sa Vue des Pavillons vers la mer peint à Criquebeuf-sur-Seine en 1910 lors d'un séjour dans la villa de ce nom louée par ses amis Jos et Lucy Hessel (tableau acquis par Loucheur à Drouot le [6]).
Engagement européen
Fidèle lieutenant des options européistes d'Aristide Briand, représentant de la branche modernisatrice et cartelliste du patronat français, partisan du rapprochement industriel entre la France et l'Allemagne, Loucheur est un des plus actifs promoteurs des idées et projets de construction économique européenne des années 1920. À ce titre, il peut être considéré comme un des inspirateurs intellectuels de l'Union européenne[réf. nécessaire].
Il formule notamment le projet Loucheur, qui préconise le développement des ententes de production et l'abaissement des barrières douanières en Europe. Ces idées constituent le socle des travaux de la Conférence économique internationale, dont il est l'initiateur en 1925, qui se réunit à Genève en 1927. Vice-président de cette conférence, Loucheur exerce un rôle majeur dans son organisation et ses débats et influence notablement ses conclusions, véritable laboratoire à idées de l'Europe économique du futur.
Il préside la section française de l'Union paneuropéenne et œuvre à la constitution d'un Comité économique associant les industriels européens.
Enfin, il est l'inspirateur du volet économique du Projet d'Union européenne, présenté par Briand à la tribune de la SDN le .
↑Gérard Bossuat, « Chapitre 1 - Après la Grande Guerre, l’incertitude européenne de la France (1919-1924) », dans La France et la construction de l'unité européenne, Armand Colin, coll. « Collection U », , 11–36 p. (ISBN978-2-200-25634-0, lire en ligne)
↑Vente aux enchères publiques à Paris le - Cf. l'article d'Anne Doridou-Heim illustré d'une reprod. coul. de l’œuvre dans le n° 34 de La Gazette Drouot du 2 octobre 2020 p. 20-21.
Stephen D. Carls, Louis Loucheur, ingénieur, homme d'État, modernisateur de la France, 1872-1931, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2000
Louis Loucheur, Carnets secrets, 1908-1932, Paris, Bruxelles, Brepols, 1962.
Véronique Pradier, « L’Europe de Louis Loucheur : le projet d’un homme d’affaires en politique », Études et documents, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, tome V, 1993, p. 293-306.
« Louis Loucheur », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
a À partir du 26 novembre 1918 ; b À partir du 5 mai 1919 ; c Jusqu'au 5 mai 1919 (← PAINLEVÉ I) Gouvernement précédent •••• Gouvernement suivant (MILLERAND I →)