Alexandre Félix Joseph Ribotte[Note 1] naît le à Saint-Omer du mariage d'Alexandre Joseph Rémy Ribotte, propriétaire, et de Zoé Adélaïde Josèphe Leducq[1].
Il effectue de brillantes études à l'université de Paris, où il fut lauréat de la faculté de droit.
Parcours professionnel
Il devient un avocat remarqué. Il fut secrétaire de la Conférence des avocats et l'un des fondateurs de la Société de législation comparée.
En 1875 et 1876, il fut directeur des Affaires criminelles puis secrétaire général du ministère de la Justice, sous le patronage de son ministre et mentor Jules Dufaure, qui devint également président du conseil en .
Il entra en politique en 1877 en jouant un rôle important dans le comité de résistance juridique pendant le ministère Broglie. L'année suivante, il fut élu député de Boulogne-sur-Mer comme républicain modéré, dans son département natal du Pas-de-Calais.
Son éloquence passionnée mais raisonnable lui donna une influence qu'accrurent ses interventions au parlement, où il s'opposa aux mesures violentes contre les congrégations non autorisées. Il se consacra surtout aux questions financières et en 1882 fut rapporteur du Budget.
Il devint un des principaux adversaires républicains du Parti radical, en se distinguant par ses attaques contre l'éphémère ministère Gambetta (fin 1881-début 1882). Il refusa de voter les crédits demandés par le cabinet Ferry pour l'expédition du Tonkin et aida Georges Clemenceau à renverser le ministère en 1885.
Aux élections générales de cette année-là, il fut une victime de la déroute républicaine dans le Pas-de-Calais et ne revint pas à la Chambre avant 1887.
Il avait une profonde connaissance des institutions anglaises qu'il estimait et deux de ses travaux publiés Biographie de Lord Erskine (1866) et Étude de l'acte du pour l'établissement d'une cour suprême de Justice en Angleterre (1874), traitent de la législation anglaise.
Il donna aussi une direction nouvelle et très importante à la politique française par l'entente avec la Russie, annoncée au monde en 1891 par la visite de la flotte française à Cronstadt – nom qui fut donné alors à des rues ou quais français – et qui par la suite se concrétisa dans un traité formel d'alliance franco-russe. Cinq ans plus tard, le couple impérial russe fit une visite officielle et très populaire en France, où il fut reçu avec faste par le président Félix Faure (des objets décoratifs commémorant cet événement furent alors réalisés).
Il conserva son poste dans le ministère Émile Loubet (février–) et après sa chute devint président du Conseil, en conservant le portefeuille des Affaires étrangères. Son gouvernement démissionna en sur le refus de la Chambre d'accepter les amendements au budget préconisés par le Sénat.
Après l'élection de Félix Faure comme président de la République en , Ribot redevint président du Conseil et ministre des Finances. Le , il fut capable d'annoncer officiellement pour la première fois une alliance en forme avec la Russie. Le son gouvernement tomba sur la question du chemin de fer du Sud. La raison de sa chute était en fait la mauvaise tournure qu'avait prise l'expédition de Madagascar, dont le prix en hommes et en argent avait dépassé toutes les attentes et la situation sociale inquiétante du pays, et dont la grève à Carmaux était un signe.
Après la chute du ministère Jules Méline en 1898, Ribot essaya en vain de former un cabinet « de conciliation ». Il fut élu, à la fin de 1898, président de l'importante commission de l'instruction publique, où il recommanda l'adoption d'un système moderne d'éducation.
La politique du ministère Waldeck-Rousseau sur les congrégations religieuses enseignantes divisa le Parti républicain et Ribot fut parmi ceux qui se séparèrent de lui. Mais aux élections générales de 1902, bien qu'il fût lui-même réélu, sa tendance politique subit un échec sévère.
Il s'opposa activement à la politique du ministère Combes dont il dénonça l'alliance avec Jean Jaurès. Le , il fut un des chefs de l'opposition qui provoquèrent la chute du cabinet. Bien qu'il eût été le plus violent dans la dénonciation de la politique anticléricale du cabinet de Combes, il fit savoir alors qu'il acceptait qu'un nouveau régime remplaçât le Concordat de 1801 et il apporta son appui au gouvernement pour l'établissement des associations cultuelles, en même temps qu'il contribuait à faire mitiger les décrets sur la Séparation.
Alexandre Ribot en tenue d'académicien en octobre 1914.
Le il fait voter la première loi en France qui autorise des sociétés spécialisées à distribuer des prêts immobiliers à des particuliers, notamment aux revenus modestes[2], en vue de l'acquisition de leurs logements[3].
Pour justifier sa politique d'opposition, il publia en 1905 deux volumes de ses discours politiques.
Ribot fut quelques jours président du Conseil en après la chute du gouvernement Doumergue et revint au pouvoir en , après celle de Briand.
De droite à gauche, en 1921, à la sortie de l'Académie française : Louis Duchesne, Alexandre Ribot, Nicholas Butler, prix Nobel de la paix et le cardinal Baudrillart.
C'est probablement à ce moment qu'il inspira à son ancien allié Georges Clemenceau - qui l'aurait surnommé « le saule pleureur » - ce mot cruel : « On dit que les meilleurs abris sont voûtés. M. Ribot est voûté, mais il n'en est pas plus sûr pour autant ».
Ce dernier ministère se situe pendant la partie la plus critique de la Première Guerre mondiale, qui avait vu l'échec de l'offensive Nivelle et la retentissante mutinerie des soldats français qui en avait été la conséquence. Démis en septembre et remplacé par le ministre de la Guerre Paul Painlevé, il resta ministre des Affaires étrangères pendant un mois avant de démissionner en octobre.
Il fut sénateur du Pas-de-Calais jusqu'à sa mort le , à son domicile, 11, quai d'Orsay dans le 7e arrondissement de Paris[7].
Tombe de Alexandre Ribot au cimetière des Bruyères de Saint-Omer.
Il est inhumé au cimetière des Bruyères de Saint-Omer.
Parcours professoral
Il donne cours à l'École libre des sciences politiques dès 1873[8]. Le 5 juin 1921, un prononce un discours pour le cinquantenaire de l'école. Il déclame que « C'est l’École des sciences politiques qui a gagné la guerre »[9].
↑Pierre Favre, « Les sciences d'Etat entre déterminisme et libéralisme: Emile Boutmy (1835-1906) et la création de l'Ecole libre des sciences politiques », Revue française de sociologie, vol. 22, no 3, , p. 429–465 (ISSN0035-2969, DOI10.2307/3321160, lire en ligne, consulté le )
↑Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN978-2-259-26077-0, lire en ligne)
↑« Alexandre Ribot », in Les statues de Strasbourg, Éditions Coprur, Strasbourg, p. 75-76 (ISBN2-903297-42-8)
Les papiers personnels d'Alexandre Ribot sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 563AP : Inventaire du fonds.
Badier Walter, Alexandre Ribot et la République modérée : formation et ascension d’un homme politique libéral (1858-1895), Paris, Fondation Varenne, Collection des Thèses, 2016, 632 p.
Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
Martin E. Schmidt, Alexandre Ribot: Odyssey of a liberal in the Third Republic, Martinus Nijhoff, 1974.
« Alexandre Ribot », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]