Ses parents, juifs hongrois, sont venus s’installer en France avant sa naissance pour échapper aux persécutions antisémites subies dans leur pays d’origine[1].
Lili (Liliane) Rosenberg naît le , à Croix (Nord), dans une famille juive d'origine hongroise. Fille de Joseph Rosenberg et Charlotte Keller, elle a deux frères, Robert et André[2],[3].
Seconde Guerre mondiale
Jusqu'en 1943, les enfants sont cachés dans différentes familles de Tourcoing (Nord)[4].
Pensant le danger écarté, ils reviennent vivre avec leurs parents. Le , la famille est arrêtée[2],[4],[5]. Ironie du sort, cette date était également celle de l'anniversaire de sa mère[6].
Lors de son arrestation en 1943, elle n'est âgée que de 11 ans, son frère Robert, de 9 ans et demi, et le benjamin de la fratrie, André, de 3 ans et demi[6].
La famille y est séparée : le père est envoyé à Buchenwald, la mère et ses trois enfants sont transférés à Ravensbrück puis, au début de 1945, à Bergen-Belsen[4]. Leur mère les incite à toujours garder leur dignité : « C’était un supplice pour nous, il faisait un froid glacial, c’était la nuit, mais elle tenait à ce que nous ayons ce moment d’intimité, à notre propreté, dans cet endroit sans nom, de boue, de puanteur, infesté de poux, oui, envers et contre tout, elle voulait que nous restions présentables, respectables »[8].
Libérés par l'armée britannique, le , les trois enfants sont rapatriés jusqu'à Paris. Les enfants sont pris en charge par leur tante[4].
Leur mère, atteinte du typhus et intransportable, reste à l'infirmerie du camp. Elle parvient à les rejoindre plus tard dans un préventorium d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) où ils sont soignés[4]. Alors que les trois enfants ont perdu foi en l'avenir, leur mère réapparaît : « Maman nous a retrouvés. Maman, dans un état épouvantable, d’une maigreur terrifiante — elle ne pèse plus que vingt-sept kilos —, mais elle est là [...], elle est vivante »[8].
Ils apprendront que leur père a été fusillé en à Buchenwald, quelques jours avant la libération du camp[9],[10].
Pour améliorer cet article il convient, si ces citations présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcées, de les intégrer au corps du texte en les ramenant à une longueur plus raisonnable.
Dans l'introduction de son livre Et nous sommes revenus seuls, elle explique pourquoi : « Pendant des années, nous ne parlons pas à la maison de nos nombreux mois de déportation, d’inhumanité dans les camps. [...] Nous ne pouvons raconter à personne cet enfer, ces souffrances quotidiennes, cette vie de bêtes battues que nous avons menée pendant près de deux ans. Nous sommes traumatisés. Les rares fois où nous essayons de l’évoquer, on ne nous croit pas. N’être pas crus nous blesse terriblement. Longtemps, nous nous sommes tus. [...] Un jour, j’ai entendu à la radio quelqu’un dire que les chambres à gaz n’avaient existé que pour tuer les poux. [...] J’ai décidé, ce jour-là, de réagir. »
« Il fallait éduquer les jeunes, les informer, les éclairer. Il me fallait témoigner pour révéler à tous, au monde, aux jeunes générations, cette tragédie à nulle autre pareille, afin qu’elle ne se reproduise plus jamais[13]. »
Son message est essentiel : « rencontrer le plus grand nombre de jeunes élèves possible pour que je leur explique les horreurs de la guerre […] tous ces morts inutiles ... je dois parler également au nom de tous ces pauvres millions de déportés qui ne sont pas rentrés et donc ma tâche est ardue. Je témoigne sans fin. Je demande aux jeunes surtout d'être vigilants. Je leur dis: "les enfants, tout peut revenir de façon différente bien entendu, mais le mal est partout. Il faut que vous soyez vigilants". Je leur demande surtout de combattre le racisme. Le racisme est un fléau à notre époque, il faut à tout prix le combattre, combattre évidemment encore l'antisémitisme qui malheureusement perdure, et combattre la xénophobie, la haine de l'étranger. Je leur demande d'être tolérants : "les enfants soyez tolérants, acceptez-vous les uns les autres avec vos différences. Ces différences vous enrichissent." Vous savez, je vais parfois dans des établissements très mélangés, et je dis aux élèves: "les enfants que l'on soit noir ou blanc, que l'on soit juif, catholique ou musulman, n'est-on pas avant tout des êtres humains ? Nous sommes tous faits de la même façon. Nous devons nous supporter avec nos différences qui nous enrichissent, et les élèves le comprennent si bien. Vous savez, je reçois des lettres merveilleuses d'élèves qui me le font savoir. ... Ces lettres sont vraiment très belles et ce sont ces lettres qui m'aident à poursuivre[14] »
En 2022, la réalisatrice Anice Clément réalise un film documentaire sur Lili Leignel intitulé Lili, une petite fille dans les camps nazis. Lors de ses conférences, Lili Leignel insiste sur l'importance de la fraternité et aime partager des chants qu'elle a appris dans les camps comme une réécriture avec Geneviève de Gaulle de la chanson Je chante de Charles Trenet[15],[16].
Le 22 septembre 2022, la salle polyvalente du lycée Louis Pasteur de Lille prend le nom de Lili Keller-Rosenberg, en présence de la rectrice de l'académie de Lille et du directeur du Mémorial de la Shoah.
Le jeudi , Lili Keller-Rosenberg reçoit la médaille de la ville de Soissons des mains du maire Alain Crémont[21].
Le 25 février 2022, Lili Keller-Rosenberg témoigne devant 1500 écoliers, collégiens et lycéens dans l'auditorium du Nouveau Siècle à Lille, son plus important auditoire.
En décembre 2022, lors d'un conseil municipal, la commune de Wasquehal dans le Nord a voté à l'unanimité le fait de renommer l'école Turgot, École Lili Keller Rosenberg[22]. L'inauguration se fait le 2 juin 2023.
En 2023, sort au cinéma un documentaire intitulé 39-45 : Elles n'ont rien oublié[23] retraçant le parcours de quatre femmes durant la Seconde Guerre mondiale, dont Lili Leignel.
Le 9 mars 2023, le lycée Ile de Flandre d'Armentières inaugure l'Espace Lili Keller-Rosenberg nommant ainsi le bâtiment annexe du lycée. Dans l'après-midi, plus de 500 élèves de terminale que comptent les cinq lycées de la ville se sont réunis à l'Espace culturel le Vivat pour écouter son témoignage. À l'issue de la conférence, le maire, Bernard Haesebroeck, lui a remis la médaille d'or de la ville d'Armentières[réf. nécessaire].
Le 20 octobre 2023, un square de la ville de Roubaix prend le nom de Lili Keller-Rosenberg[réf. nécessaire].
Le 20 décembre 2023, une rue de la ville de Sin-le-Noble prend le nom de Lili Keller-Rosenberg[réf. nécessaire].
Publications
Je suis encore là, 2017, aidée de Loïc Cattiaux, illustrations de Gaëlle Soarès.
Et nous sommes revenus seuls, 2021, Éditions Plon.
↑ abcdef et gBéatrice Gurrey, « “Garder de la force pour transmettre, c’est très important” : l’inlassable témoignage de Lili Leignel, survivante des camps de la mort », Le Monde, (lire en ligne)
↑ a et bClaire De Vregille, « Le Touquet : les mots très forts de Lili Keller-Rosenberg, déportée à l’âge de 11 ans », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).
↑« - Cambrai : Lili Leignel, ancienne déportée, va témoigner devant 800 élèves ce mardi », La Voix du Nord, (lire en ligne).
↑La Voix du Nord, « Une salle en hommage à Lili Leignel au collège de Pas-en-Artois », La Voix du Nord, la voix du nord (lire en ligne, consulté le ).
↑.« Lili Rosenberg, citoyenne d’honneur
de la Ville de Soissons », Part’Âge, , p. 3 (lire en ligne)
↑Ludivine Razloznik, « À la demande des élèves, une école de Wasquehal prend le nom de Lili Keller-Rosenberg : Les élèves de l’école primaire du Capreau ont demandé à la mairie de changer le nom de leur école pour celui de Lili Keller-Rosenberg (plus connue sous son marital Leignel), survivante des camps de concentration qui leur a conté son histoire », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).