Robert Bober naît à Berlin en 1931 de parents juifs, d'origine polonaise[1]. En 1933, fuyant le nazisme, sa famille se réfugie en France[2]. En juillet 1942, prévenus par le commissaire de son quartier (client de son père, cordonnier), ils réussissent à échapper à la rafle du Vélodrome d'Hiver alors que son meilleur ami est déporté[3]. Quelques années plus tard, il quitte l’école après le certificat d’études primaires. À 15 ans, il commence son apprentissage en tant que tailleur, métier qu'il exercera jusqu'à l'âge de 22 ans, il sera encore potier puis éducateur.
En 1979, il réalise un documentaire en étroite collaboration avec Georges Perec, qu'il a déjà eu l'occasion de filmer. Ce film, intitulé Récits d'Ellis Island, sera composé de deux parties : la première, Traces, évoquera l'arrivée des émigrés de 1892 à 1924 à Ellis Island. La seconde, Mémoire, est un témoignage filmé à New York, sur les émigrants juifs et italiens entrés aux États-Unis par Ellis Island.
Son premier roman, Quoi de neuf sur la guerre ?, est publié en 1993 et reçoit, l'année suivante, le prix du livre Inter. Comme dans la pièce de théâtre l'Atelier de Jean-Claude Grumberg, l'histoire, se déroulant lors de la première année d'après-guerre, met en scène les différents corps de métiers d'un atelier de confection pour dames de la rue de Turenne, à Paris. Bober nous raconte, d'un ton en apparence léger, presque réjoui, la manière dont les différents personnages ont pu être sauvés et ainsi survivre à la guerre. Il a inspiré le film Un monde presque paisible de Michel Deville.
En 1999, il publie son second roman, Berg et Beck, lui aussi lié à son histoire personnelle. Il y raconte la vie d'enfants juifs ayant survécu à la déportation de leurs parents, leurs traumatismes liés à la guerre, et leurs manières de survivre à la perte des êtres qui leur étaient les plus chers.
Bober est considéré comme l'un des réalisateurs de documentaires les plus renommés, notamment en France. L'auteur et réalisateur, qui vit aujourd'hui à Paris, permet, par le biais de ses œuvres, de raviver la mémoire de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale, sans jamais amener l'horreur qui y est liée dans les méandres d'un paradigme préfabriqué. Sans utiliser les fils du spectaculaire, d'une manière simple, et sans faire preuve d'un langage trop élaboré, Bober restaure les mémoires fraîches de la Shoah et met le spectateur face à des personnages prêts à retourner doucement à la vie de tous les jours.
Par la suite, Robert Bober anime et participe à différentes manifestations, notamment des rencontres publiques, des ateliers ainsi que des débats et dialogues en milieux universitaire et scolaire.
Vie privée
Robert Bober est veuf depuis le décès de son épouse, Hélène, en 2021[4].
Citation
« Les larmes, c'est le seul stock qui ne s'épuise jamais. »