Le père d'Ernest Ginsburger, Emmanuel (alias Maurice) Ginsburger, est le président de la communauté israélite de Héricourt. Sa mère est Jeannette Bonef. Son cousin, dont il est très proche, est le rabbinMoïse Ginsburger[3], père de Roger Ginsburger devenu plus tard Pierre Villon, le résistant et homme politiquecommuniste. La famille quitte Héricourt pour Lunéville, en Meurthe-et-Moselle et Ernest Ginzburger devient bachelier en 1893.
De 1894 à 1900, Ernest Ginsburger fait ses études rabbiniques au Séminaire israélite de France (SIF). Il étudie à la Sorbonne et à l'École des hautes études, section des sciences historiques et philologiques. Il est titulaire d'un diplôme de bachelier en droit, sanctionnant les deux premières années d'études en droit.
Ernest Ginsburger pose sa candidature, sans succès, au poste rabbinique de Dijon, en Côte-d'Or, en 1900, puis à Châlons-sur-Marne (aujourd'hui appelé Châlons-en-Champagne), dans la Marne, puis à Remiremont dans les (Vosges) en 1902, et de nouveau à Dijon en 1907, mais à cet endroit il ne le peut, « pour cause... de célibat »[5], puis à Lyon en 1908.
Le , Ernest Ginsburger épouse à Paris Germaine Zivy (née en 1894). Ils vont avoir deux fils[18]. Elle meurt en 1928, à l'âge de 34 ans[19].
Bruxelles
Ernest Ginsburger est élu grand-rabbin de Belgique en [20],[21],[22],[23]. Il s'installe à Bruxelles, le . En 1926, à la suite d'inondations, 4 000 travailleurs juifs perdent leur emploi en Belgique et Ernest Ginsburger lance un appel d'aide à la communauté juive en leur faveur[24]. Il démissionne de ses fonctions en 1929.
Bayonne
En 1929, Ernest Ginsburger devient le grand-rabbin de Bayonne, des Landes et des Basses-Pyrénées. Il s'installe à Bayonne le . En 1931, il adresse un télégramme de félicitations à la jeune République espagnole. Il obtient du gouvernement républicain espagnol le droit pour des Juifs victimes du nazisme d'immigrer dans certaines provinces d'Espagne.
La Seconde Guerre mondiale
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, à cause de son âge (63 ans), Ernest Ginsburger n'est pas mobilisé. Dès le début de l'Occupation, il lutte contre le nazisme par des sermons et des articles ouvertement anti-hitlériens. Dans un sermon de Pâques 1941, il compare la défaite de l'aviation allemande dans la Manche à l'engloutissement des armées égyptiennes dans la mer Rouge. Il diffuse des tracts clandestins. Il adresse une lettre au régime de Vichy pour protester contre la réquisition de la synagogue de Bayonne. Cette dernière est transformée en entrepôt des services du ravitaillement allemand.
Ernest Ginsburger est arrêté à Bayonne[25],[26],[27] en . L'historien du rabbinat Roger Berg évoque la découverte de documents antinazis à l'ambassade de France en Belgique comme cause de son arrestation[28]. Il est interné au camp de Royallieu (Compiègne)[29], puis au camp de Drancy. Il est déporté, par le convoi no 47, en date du [30]. L'historien Martin Gilbert mentionne la présence de Ernest Ginsburger dans ce convoi[31],[32]. Ernest Ginsburger est assassiné à son arrivée Auschwitz, le .
Prises de positions
En , Ernest Ginsburger conseille aux réfugiés allemands en France d'agir discrètement et de ne pas manifester publiquement contre l'antisémitismenazi[33].
En 1934, sa position sur le divorce lui vaut d'être pris à partie par La Tribune juive de Strasbourg, une publication juive orthodoxe. Le rabbin Joseph Saks prend sa défense au nom de l'Association des rabbins français.
« Hier soir, pour 20 h 30, je suis allé assister à une causerie que devait faire le rabbin sur les origines des persécutions exercées contre les Juifs depuis l'époque où les Juifs ont commencé à fonder des communautés dans les villes et les pays bordant la Méditerranée et dans les différents pays de l'Europe. Cette causerie était très intéressante, et il nous a dit qu'il n'a pu trouver l'origine du mot « Juif », car en réalité on devrait les appeler « judéens », comme venant de la Judée. Ce sont les chrétiens, et en particulier le catholicisme, qui ont institué la persécution des Juifs. »
↑Léon Fridman, grand-rabbin d'Algérie reçoit en novembre 1922 la médaille du roi Albert de Belgique, pour services rendus à l'armée belge. Voir ajcar archives 1923-1924. Appendix 1.
↑Ils se marient à la mairie du 8e arrondissement de Paris. Germaine Zivy habitait au 27, boulevard de Courcelles à Paris. Elle est la fille de Léopold Zivy et de Valérie Hélène Silz.
(en) Vicky Caron, Uneasy Asylum. France and the Jewish Refugee Crises, 1938-1942, Stanford, Stanford University Press, (ISBN0804743770 et 9780804743778).
Margaret Teboul, « Lectures juives des Deux sources de la morale et de la religion dans les années trente », Archives juives, vol. 36, , p. 101-120, note 59.
Anne Oukhemanou, Ernest Ginsburger, un homme ardent et engagé : avec le texte original Les Juifs de Bayonne, des origines à la Révolution française, Atlantica, (ISBN9782758805427).